À Adamus Stevartus, le 26 décembre 1653

Note [3]

Gabriel Barthélemy de Gramond, conseiller au parlement de Toulouse, a porté témoignage du supplice de Giulio Cesare Vanini (sans allusion à une pendaison) dans ses Historiarum Galliæ ab excessu Henrici iv. Libri xviii [Dix-huit livres des histoires de France depuis la mort de Henri iv…], avec ce passage terrifiant (livre iii, page 210, de l’édition de Toulouse, 1643, v. note [11], lettre 84) :

Erat illi in extremis aspectus ferox et horridus, inquieta mens, anxium quodcumque loquebatur ; et quanquam philosophice mori se clamabat identidem, siniisse ut brutum nemo negaverit. Antequam rogo subderetur ignis : jussus sacrilegam linguam cultro submittere, negat, neque exerit nisi forcipum vi, apprehensam carnifex ferro abscindit ; non alias vociferatio horridior, diceres mugire ictum bovem, reliqua absumpsit ignis ; in aerem sparis cineres. Hic Lucilii Vanini finis, cui quanta constantia fuerit, probat belluinus in morte clamor. Vidi ego in custodia, vidi in patibulo, videram antequam subiret vincula.

[Dans ses derniers jours, il avait un aspect horrible et farouche, l’esprit inquiet ; tous ses propos traduisaient l’angoisse où il se trouvait ; et quoique de temps en temps il s’écriât qu’il mourait en philosophe, nul ne saurait nier qu’il est mort comme une bête. Avant qu’on mît le feu au bûcher, on lui ordonna de présenter sa langue sacrilège pour qu’elle fût coupée ; il le refusa, le bourreau ne put s’en saisir qu’avec des tenailles, et la coupa. On n’a jamais entendu un cri plus effroyable ; vous auriez dit le mugissement d’un bœuf ; le reste de son corps fut consumé au feu et ses cendres jetées au vent. Telle fut la fin de Lucilio Vanini, et ce cri de bête qu’il jeta avant sa mort fait assez voir son peu de constance. Je l’ai vu en prison, je le vis au supplice, et je l’avais connu avant son arrestation].


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Adamus Stevartus, le 26 décembre 1653, note 3.

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(Consulté le 25/04/2024)

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