À Johann Georg Volckamer, le 25 février 1656

Note [6]

Guy Patin empruntait son allusion la Ηρωδου Βιος (Vita Herodes [Vie de Hérode]) par Philostrate d’Athène : {a}

Nam avi quidem ipsius Hipparchi, bona ob tyrannicas accusationes subhastata publicataque sunt, quas neque Athenienses induxerunt, neque Imperatores ignorarunt. Atticum vero illius filium, et Herodis patrem, ne e divite quidem pauperem factum fortuna despexit : quin thesaurum immensum in una domo reconditum ipsi patefecit, ex iis quas prope theatrum possidebat. Cuius quidem magnitudine, magis cautus quam lætabundus factus est. Quare ad Imperatorem epistolam misit, his verbis contextam : Thesaurum, Imperator, domi meæ inveni ; quid de eo faciendum esse iubes ? At Nerva Imperator qui eo tempore regnabat : Utere (inquit) quæ invenisti. Et cum Atticus in eadem cautione persisteret, scriberetque se thesauri magnitudine superari : Abutere (inquit ille) invento lucro, quando tuum est. Hinc magnus effectus est Atticus, et longe maior Herodes ; cuius paternis opibus maternæ advenerant, quæ non multo minus affluebant. Accedebat etiam magnanimitas illustris, paterna longe maior.

[Les biens de son grand-père, Hipparchus, avaient été confisqués et vendus à l’encan sur des accusations souveraines, que les Athéniens n’avaient pas sollicitées, mais que les empereurs n’avaient pas ignorées. La bonne fortune avait néanmoins empêché son fils Atticus, le père d’Hérode, ne tombât dans la pauvreté : {b} il mit au jour un énorme trésor caché dans une des maisons qu’il possédait près du théâtre. Son immensité le rendit pourtant beaucoup plus méfiant que fou de joie, car là-dessus il envoya une lettre à l’empereur contenant ces mots : « Ô César, j’ai découvert un trésor dans ma maison. Qu’ordonnes-tu que j’en fasse ? » L’empereur Nerva, {c} qui régnait alors, lui répondit : « Use donc de ce que tu as trouvé ! » Et comme Atticus demeurait sur ses gardes, il lui écrivit que la grandeur de son trésor le surpassait : « Abuses de l’argent que tu as trouvé, puisqu’il est à toi ! », lui repartit-il. C’est ainsi qu’Atticus devint opulent, et bien plus encore Hérode, car aux richesses de son père s’ajoutaient celles de sa mère, qui n’étaient gère moindres. Sa magnanimité s’illustra aussi bien plus que celle de son père].


  1. V. notes [41], lettre 99, pour Philostrate, et [26] du Faux Patiniana II‑7 pour Hérode Atticus (Claudius Vibullius Hipparchus Tiberius Claudius Atticus Herodes), avec un autre extrait de sa Vita.

    Ignorant le grec, Patin dut lire le deuxième livre des Flavii Philostrati Vitæ Sophistarum [Vies des sophistes, de Flavius Philostratus], aux pages 546‑547 des :

    Philostrati Lemnii Opera quæ exstant…Græca Latinis e regione posita ; Fed Morellus Professor et Interpres regius cum mnss. contulit, recensuit, et hactenus nondum Latinitate donata, vertit.

    [Toutes les Œuvres connues de Philostrate de Lemnos… Texte grec te latin juxtalinéaire établi par Fédéric Morel, {i} professeur et interprète royal, qui les a conférés avec les manuscrits, révisées et traduites en latin pour la première fois]. {ii}

    1. V. note [6], lettre latine 355.

    2. Paris, Marcus Orry, 1608, in‑fo de 914 pages. Antonio Bonfini avait précédemment publié une traduction latine des Vies de Philostrate (Strasbourg, 1516).

  2. Richissime banquier athénien, Tiberius Claudius Hipparchus aurait mis fin à ses jours après sa ruine. Il serait parvenu à en confier une partie à son fils, le consul Tiberius Claudius Atticus. On est enclin à supposer qu’il inventa la fable du trésor trouvé dans une maison afin de pouvoir jouir légitimement de cette fortune, mais Patin ne semblait pas sous-entendre un tel soupçon quand il parlait à Johann Georg Volckamer des livres dont il lui faisait cadeau.

  3. V. note [47] du Borbonniana 6 manuscrit.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Georg Volckamer, le 25 février 1656, note 6.

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(Consulté le 25/04/2024)

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