À Johannes Antonides Vander Linden, le 9 février 1657

Note [18]

Dans l’emportement de sa démonstration, Guy Patin a écrit Iac. Capel, mais aucun contemporain de Jean Fernel nommé Jacques Capel ne figure dans la liste des docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris établie par Baron.

J’ai sans hésitation remplacé le nom de Jacques Capel par celui de Guillaume Capelle (Guilielmus Capellus, natif de Paris, reçu docteur régent en 1565), élève et disciple de Fernel qui a donné la première édition de son Consiliorum Medicinalium Liber… [Livre des Consultations médicales…] (Paris, 1582, v. note [16], lettre 79) ; Capelle en a rédigé l’épître dédicatoire à Julien Le Paulmier, D. Iuliano Palmario Doctori Medico Parisiensi Celeberrimo Guilielmus Capellus Parisiensis Doctor Medicus S.D.

La preuve certaine de ce quiproquo se trouve dans un hommage manuscrit que Patin a rendu à Fernel, et que conserve le Collège de France (ms Montaiglon, page 125) :

« Jean Fernel, docteur en médecine de la Faculté de Paris, et premier médecin du roi Henri ii, meurt à Paris le 26e d’avril 1558, âgé de 52 ans. Il a été le premier médecin de l’Europe, depuis Hippocrate et Galien, et a laissé un livre latin qui durera tant que le monde ; dans lequel il a écrit, en aussi beaux termes que Cicéron même, toutes les lois et préceptes de la médecine. Il a été grand philosophe et grand médecin de la Faculté de médecine, et Paris aura toujours de quoi se glorifier d’avoir produit et élevé un si grand personnage dans un siècle qui était encore plein de barbarie. Car c’est lui qui a remis les bonnes lettres en lustre et en honneur dans la France, avec Guillaume Budé, Jacques Sylvius et Adrien Turnèbe ; {a} comme faisaient en même temps en Allemagne Didier Érasme et Philippe Melanchthon ; {b} et peu de temps avant eux, en avaient autant fait en Italie Ange Politien, Pierre Bembo, Christophe de Longueil et Sadolet. {c} La postérité doit l’honneur de ce rétablissement à la libéralité de deux grands princes, savoir du pape Léon x, de la famille des Médicis, {d} et à notre très glorieux roi François ier. Jean Fernel était du diocèse de Beauvais, et non pas d’Amiens comme plusieurs ont cru, car il était natif de Clermont-en-Beauvaisis, {e} dans la maison du Cygne, où son père était hôtelier, dans le faubourg de Clermont surnommé d’Amiens ; qui est une vérité dont je suis fort persuadé, tant par l’inventaire des biens qui fut fait après sa mort, où cette hôtellerie est appelée la maison natale de Jean Fernel, que par les Registres de la Faculté de médecine de Paris, l’an 1558, et par deux Vies de Fernel, dont l’une est imprimée, par Guillaume Plantius, {f} et l’autre manuscrite, par Guillaume Capelle, tous deux médecins de Paris qui ont vu Fernel et vécu de son temps. Et de tout ce que dessus, j’ai pour garant M. Guy Patin, docteur régent en la Faculté de médecine de Paris, par ci-devant doyen d’icelle Faculté, et aujourd’hui professeur du roi en médecine au Collège royal ; lequel est né dans ce même diocèse de Beauvais et qui honore Fernel comme un des plus grands hommes qui aient jamais été. » {g}


  1. V. notes [6], lettre 125, pour Guillaume Budé (1467-1540), [9], lettre 9, pour Jacques Sylvius (Dubois, 1478-1555) et [20], lettre 392, pour Adrien Turnèbe (Tournebœuf, 1512-1565).

  2. V. notes [3], lettre 44, pour Érasme (1466 ou 1467-1536), qui était hollandais et non allemand, et [12], lettre 72, pour Melanchthon (Philipp Schwarzerd, 1497-1560).

  3. V. notes :

    • [7], lettre 855, pour Ange Politien (Poliziano, 1454-1494) ;

    • [67], remarque 1, du Naudæana 1 pour Pietro Bembo (1470-1547) ;

    • [53] du Naudæana 2 pour Christophe de Longueil (Christophorus Longolius, 1488-1522).

    Jacopo Sadoleto (Sadolet, 1477-1547), cardinal et humaniste, a été l’un des plus éminents écrivains italiens de la Renaissance.

  4. V. note [7], lettre 205, pour le pape Léon x (1475-1521), fils de Laurent de Médicis.

  5. Ville autrement nommée Clermont ou Clermont-de-l’Oise, 30 kilomètres à l’est de Beauvais.

  6. Guillaume Plancy.

  7. Texte non daté ; la fin fait penser que Patin écrivait à l’intention d’une autre plume, mais elle n’est pas identifiable.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johannes Antonides Vander Linden, le 9 février 1657, note 18.

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(Consulté le 28/03/2024)

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