À Johann Daniel Horst, le 25 août 1657

Note [15]

Pages 138‑139 (Ulm, 1660) :

De motu musculorum Geometrico pulchre et accurate olim sub præsidio Genitoris mei disputationem habuit Patruus meus J. Müllerus. Eam allatrare ausi sunt Müllerus Lipsiensis, et quidam alius Altorphinus. Objectiones vero utriusque remotæ sunt, tum olim à Parente meo, tum nuper à Genero Jacobi Mülleri Clariss. Viro G. Wentenio, apologia hercle docta satis et erudita ; ad quam Lectorem remitto.

[Sous la présidence de mon père, {a} mon oncle, J. Müller, a jadis disputé sur le mouvement géométrique des muscles. Müller de Leipzig et un autre quidam d’Altdorf ont osé aboyer après ; mais par Hercule ! leurs objections ont été écartées tant par mon père, jadis, que par le très distingué M. G. Wenten, gendre de J. Müller, {b} dans une récente apologie assez savante et érudite, à laquelle je renvoie le lecteur]. {c}


  1. Le médecin Gregor ii Horst, mort en août 1636 (v. note [33], lettre 458).

  2. V. infra notule {c} pour une identification précise de Jacob Müller et de Georg Wenten. Johann Daniel Horst a sans doute ajouté leurs liens familiaux pour satisfaire la curiosité de Guy Patin.

  3. Disputationis de Motu naturali et voluntario, pro Jacobo Müllero, contra Petrum Saxonium Apologia, quam una cum Problematibus ex singulis disciplinis subjectis, ex venerandæ et amplissimæ Facultatis Philosophicæ in almo Cattorum, quod est Marpurgi, Lycæo, permissu et decreto… in Publico Philosophorum Auditorio ad diem 22. Decemb. examinandam proponit M. Georgius Wentenius, Neo-Berlino Marchicus, respondente Conrado Hoffmanno, Neostadiensi.

    [Apologie de la disputation sur le mouvement naturel et volontaire, en faveur de Jacobus Müllerus, {i} contre Petrus Saxonius, ainsi que sur des questions voisines tirées de chacune des sciences, par permission et décret de la très influente et vénérable Faculté de philosophie de la vénérable Université des Chats, qui est celle de Marbourg… {ii} le 22 décembre, en l’auditoire public des philosophes, M. Georgius Wentenius, natif de la Nouvelle-Marche de Brandebourg, {iii} l’a soumise à la discussion pour pouvoir accéder au Collège philosophique… ; le répondant était Conradus Hoffmannus, natif de Neustadt]. {iv}

    1. Jacob Müller (1594-1637), médecin et mathématicien, enseigna la philosophie à Marbourg.

    2. Marbourg, en Hesse, anciennement appelée Amasia Cattorum, était le siège de l’Alma Mater Philippina (Philipps-Universität), fondée en 1527 par le landgrave Philippe le Magnanime.

    3. Georg Wenten (ou Wenthen, 1614-1661), fut mathématicien, pasteur et professeur de philosophie à Marbourg.

    4. Marbourg, Nicolas Hampel, 1638, in‑4o.

    Le Proœmium [Préambule] de Wenten l’identifie précisément et expose les motifs de la dispute d’honneur qu’il a engagée :

    Habebat Lector candide et benivole annos ante unum, si recte calculum posui, et viginti in illustri Gissensium Lycæo, sub umbone et clypeo Viri Nobiliss. Domini Gregorii Horstii tum temporis Medicinæ Professoris Celeberrimi, Aulæq. Darmstatinæ Archiatri dignissimi, disputationem de motu naturali sive voluntatio Vir Clariss. Excellentiss. D. Jacobus Müllerus paulo post Medicinæ Doctor ejusdemq. uti et Mathematum Professor in dicto Lycæo publicus. Disputatio hæc multis magni nominis, summæq. eruditionis Viris, ut ex præmemorati D. Horstii doctissimis observationibus videre licet, non parum arrisit. Verum ut tritum illud ; Ne Jupiter omnibus placere potest, suam semper obtineret veritatem immotam, ante annorum aliquot spatiumJohannes Saxonius, quoq. Holstatus Professor Mathematum superiorum Noricus, eam sugillare, absurditatis non unius tantum sed plurium damnare imo refutare cœpit. Hæc refutatio cum ad dictum D. Gregorium Horstium paulo ante ipsius obitum pervenerit, mihiq. ante septimanas aliquot a memorati Horstii Filio, Viro Clariss. D. Johan-Daniele Horstio, Medicinæ Professore publico magnarumq. magni Parentis virtutum Æmulo, sit communicata, ipsa in Deum et homines potissimum vero defunctos pietas dictavit, suasit imperavit, ut, quantum vires, quarum exiguitas licet nemini non satis imo plusquam satis cognita, paterentur ingenii, denatum Müllerum Socerum mihi etiam post fata omni honoris cultu ætatem sancte colendum, ingenii humeris imponerem, impositumq. si non penitus ab ignis injuria, ut Ænea Parentem Anchisen, liberarem, saltem flammas ab eo, qui se ab ejusmodi flabellis amplius tueri non potest, averruncarem ; Proinde.

    Quum jubeat Pietas, mihi jussa capessere fas sit ! Hoc agam, ut præsenti disputatione D. Müllerum ab injuriis Saxonii pro tenuitate liberem, ipsumq. Saxonium stylo apologetico refutem.

    [Si je calcule bien, candide et bienveillant lecteur, voilà vingt-et-un ans, qu’en l’illustre Université de Giessen, sous la toge et le bouclier du très noble M. Gregor Horst, qui était alors très célèbre professeur de médecine et très honoré archiatre de la cour de Darmstadt, le très distingué et excellent M. Jacob Müller, qui devint peu après docteur en médecine et professeur public de mathématiques en ladite Université, disputa sur le mouvement naturel ou volontaire. Cette thèse procura grand plaisir à bien des personnages de grand renom et d’éminente érudition, comme on peut le constater sur les très doctes observations du susdit M. Horst. Comme souvent pourtant, Jupiter ne pouvant plaire à tout le monde, {i} il n’obtint pas que sa vérité demeurât immuable à tout jamais : Johannes Saxonius, lui aussi professeur de mathématiques supérieures à Holstadt en Bavière, entreprit, voilà quelques années, de s’en moquer, et même de la réfuter, en y dénonçant non pas une, mais plusieurs absurdités. {ii} Cette réfutation parvint aux oreilles du dit M. Gregor Horst peu avant sa mort ; et voilà quelques semaines, j’en ai été avisé par le fils de feu M. Horst, le très distingué M. Johann Daniel Horst, professeur public de médecine et émule des grandes vertus de son père. Sa piété envers Dieu, mais surtout envers ces deux défunts hommes, m’a dicté, persuadé et ordonné d’épauler mon défunt beau-père M. Müller que, même après sa mort, je dois saintement et éternellement vénérer ; {iii} et de m’y consacrer autant que les forces de mon esprit me le permettraient, bien que personne n’en ignore assez, et même plus qu’assez, la minceur. Voilà donc ce que j’ai fait, et si je ne l’ai pas entièrement protégé contre la morsure du feu, aurai-je au moins, comme fit Énée pour son père Anchise, {iv} délivré des flammes celui qui ne peut plus se protéger contre les éventails {v} de cette sorte.

    Puisque la piété me l’ordonne, il est juste que je fasse tout pour lui obéir ! Je défendrai donc la présente thèse de façon à délivrer modestement M. Müller des insultes de Saxonius, et à réfuter ledit Saxonius dans un style apologique].

    1. Adage grec antique qu’Érasme a commenté (no 1655) : Ne Jupiter quidem omnibus place [Pas même Jupiter ne peut plaire à tout le monde].

    2. Les 65 articles de la thèse de Jacob Müller, disputée le 6 décembre 1617, sont réimprimés (chapitre i, pages 3‑20) dans l’Apologia de Georg Wenten ; elle y est suivie de la réfutation de Johannes Saxonius (chapitre ii, pages 20‑24).

    3. Georg Wenten était gendre de Jacob Müller, élève et beau-frère de Gregor Horst ; il était donc cousin par alliance de Johann Daniel.

    4. Énée (v. note [14], lettre d’Adolf Vorst, datée du 4 septembre 1661) est réputé s’être échappé de Troie, conquise par les Grecs, en portant sur son dos Anchise, son père.

    5. Traduction littérale du mot flabella : objets plus propres à rafraîchir les dames qu’à attiser les flammes.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Daniel Horst, le 25 août 1657, note 15.

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(Consulté le 25/04/2024)

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