À Christiaen Utenbogard, le 3 septembre 1658

Note [3]

« que chacun aime sa fiancée, {a} et que chacun persévère dans son hérésie. » {b}


  1. Cicéron sur les goûts et préférences de chacun, à propos d’un édit rédigé par Brutus {i} (Lettres à Atticus, livre xiv, xx) :

    Scripseram rogatu tuo. Meum mihi placebat, illi suum. Quin etiam cum ipsius precibus pæne adductus scripsissem ad eum “ de optimo genere dicendi ”, non modo mihi sed etiam tibi scripsit sibi illud quod mihi placeret non probari. Qua re sine, quæso, sibi quemque scribere : “ Suam quoique sponsam, mihi meam ; suum quoique amorem, mihi meum. ” Non scite. Hoc enim Attilius, poeta durissimus.

    [Sur ta demande, je l’avais récrit. Ma version me plaisait, mais lui préférait la sienne. Bien que j’aie rédigé mon traité de l’Éloquence presque uniquement sur ses prières, il m’a écrit, tout comme à toi, qu’il n’approuvait pas ce qui m’agréait. Permettons à chacun, je te prie, de composer à son goût : « À chacun sa fiancée, à moi la mienne ; à chacun ses amours, à moi les miens ! » Voilà deux vers peu élégants, mais Attilius est le plus âpre des poètes]. {ii}

    1. V. note [3], lettre 540.

    2. Attilius est un poète latin du iieiiie s. av. J.‑C. dont les œuvres sont aujourd’hui perdues. On a glosé pour savoir si Cicéron lui reprochait le fond ou la forme (scansion et syntaxe) de ses deux vers, que Franciscus Junius (v. note [15] lettre de Samuel Sorbière écrite au début de 1651) a rapportés un peu différemment :

      Suam cuique sinas sponsam, mihi meam.
      Suum cuique sinas amorem, mihi meum
      .

    3. Il y a trois et non deux syllables dans cu-i-que, et le verbe sinas [choisis], à la deuxième personne du singulier, se serait mieux accordé avec Tuam et Tuum qu’avec Suam et Suum.

  2. Référence possible à ce que saint Paul a dit sur l’utilité des hérésies pour faire progresser la vérité, v. note [18], lettre 514.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Christiaen Utenbogard, le 3 septembre 1658, note 3.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1140&cln=3

(Consulté le 20/04/2024)

Licence Creative Commons "Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.