À Vopiscus Fortunatus Plempius, le 8 décembre 1662

Note [11]

Baronius (le cardinal Cesare Baronio v. note [6], lettre 119) avait écrit ses Annales ecclésiastiques (Rome, 1593-1607) pour contredire les Centuries de Magdebourg (Bâle, 1559-1574, v. note [48] du Naudæana 1) qui défendaient la Réforme luthérienne. Pour les théologiens et historiens protestants, l’enjeu était donc de dénoncer les erreurs contenues dans les Annales. L’édition annoncée par Guy Patin parut bien plus tardivement :

Antibaronius Magenelis seu Animadversiones in Annales Cardinalis Baronii. Cum Epitome Lucubrationum Criticarum Casauboni in Tomi primi Annos 34. Auctore Andrea Magendeo, Ecclesia Benearnensi.

[Antibaronius de Magenel {a} ou Animadversions sur les Annales du cardinal Baronius. Avec un résumé des travaux critiques de Casaubon sur les 34 années du tome premier. {b} Par André Magendie, {a} ministre de l’Église de Béarn].


  1. Magenel (Magenelus) est une variante du nom d’André Magendie (Magendeus), signataire de l’épître dédicatoire, datée d’Amsterdam l’an 1675 : Vestri obsevantissimus servus, et frater in Domino Andreas Magenel, Ecclesiasta Benearnensis [Votre très obéissant serviteur et frère dans le Seigneur, André Magenel, ministre béarnais].

  2. Exercitationes [Essais critiques] d’Isaac Casaubon (Francfort, 1615, v. note [18], lettre 318).

  3. Amsterdam, Franciscus Lamminga et Paulus Wernaer, 1675, in‑fo de 140 pages ; réédition à Leyde, Abrahamus Mestrezatius, 1679, in‑fo avec cette addition au titre :

    Quibus accesserunt quædam ad Baronium Animadversiones Davidis Blondelli.

    [À quoi on a ajouté certaines animadversions de David Blondel contre Baronius].

    Ce supplément de 25 pages est imprimé à l’a fin de l’ouvrage.


Bayle, note E sur David Blondel (v. note [13], lettre 96) :

« Il ne fit pas une affaire de la réfutation de Baronius. On n’a trouvé après sa mort {a} que des Notes qu’il avait écrites sur les marges de son Baronius. Sa manière d’écrire en caractères fort serrés et fort menus fait bien que ces notes-là sont plus nombreuses ; mais enfin, ce n’est point ce qu’on appelle la réfutation d’un auteur. Les magistrats d’Amsterdam achetèrent cet exemplaire de Baronius et le donnèrent à la bibliothèque de leur ville. C’est là que ceux qui veulent connaître ce que c’est que le travail de David Blondel contre les Annales de Baronius peuvent contenter leur curiosité. Un ministre béarnais (nommé Magendie), réfugié à Amsterdam plusieurs années avant la révocation de l’édit de Nantes, {b} dit que les bourgmestres de cette ville l’ayant chargé de ruiner {c} de fond en comble les xii tomes de Baronius, il l’a fait sans peine, par l’assistance de Dieu ; et que non seulement il a copié les notes de David Blondel, selon l’ordre qu’il en avait reçu de ces Messieurs, mais aussi qu’il les a collationnées avec les Annales de Baronius, livre qu’il n’avait jamais vu auparavant ; et que, comme il a découvert des fautes que Blondel n’a point marquées, il a cru qu’il commettrait un péché d’irréligion s’il ne les publiait pas. […] Il publia donc un livre l’an 1675, intitulé : Antibaronius Magenelis, qui contient 140 pages in‑folio. Dans mon exemplaire, le titre ne fait aucune mention de David Blondel ; mais dans le Journal des Sçavans, {d} le titre contient cette queue : Quibus accesserunt quædam ad Baronium animadversiones Davidis Blondelli. D’ailleurs, le titre marque l’an 1679. Ne doutez pas qu’il y ait eu là un tour de supercherie de libraire. Apparemment, on ne vendait point le livre et on s’avisa au bout de quatre ans d’en rafraîchir le frontispice, et d’y promettre merveilles sous le nom célèbre de David Blondel. La vérité est que Blondel n’occupe presque point de place dans ce livre et que si l’on jugeait de ses notes marginales par cet endroit-là, on les mépriserait extrêmement. » {e}


  1. En 1655.

  2. En 1685.

  3. Réfuter.

  4. « Du 10 juillet 1679, page 222 [sic pour 190] » : notule de Bayle.

  5. La mention de Guy Patin, datée de 1662, était inédite quand Bayle a écrit son article, mais ne manque pas d’intérêt historique.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Vopiscus Fortunatus Plempius, le 8 décembre 1662, note 11.

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(Consulté le 19/04/2024)

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