À Hermann Conring, le 2 novembre 1663

Note [2]

« et à faire resplendir la Sparte qui m’est échue ».

Sparte (Lacédémone, v. note [25] du Faux Patiniana II‑1) était une très célèbre cité grecque du Péloponnèse, rivale d’Athènes ; mais par métonymie (Trévoux),

« ce mot se disait en latin proverbialement pour ouvrage, occupation, charge, commission. “ N’abandonnez pas la Sparte qui vous est échue ”, dit Cicéron, écrivant à Atticus, l. i, ép. 17, Quæ tibi obtigit Spartam nunquam desere. D’autres disent “ Ornez la Sparte qui vous est échue ”. » {a}


  1. Spartam nactus es, hanc orna [Le sort t’a remis Sparte, fais-la resplendir] est cet adage antique qu’Érasme a longuement commenté (no 1401) :

    Admonet adagium, ut, quacunque provinciam erimus sorte nacti, ei nos accommodemus, proque huius dignitate nos geramus. […]

    Nihil principi pulchrius, quam ut hoc quicquid est regni, quod fortuna dedit, sua sapientia, virtute, diligentia reddat ornatius. Contigit oppidulum, imitare Epadimondam, fac, ut frigidum illud opidulum tua opera multo reddas celebrius, ac locupletius. Contigit fera, et intractabilis natio, da operam, ut eam paulatim cicurem, et legibus obtemperantem reddas.

    [Quelle que soit la charge dont le sort nous a gratifiés, prévient ce proverbe, nous devons nous y adapter et régler notre conduite sur la dignité qui lui est attachée. (…)

    Rien n’est plus beau pour un prince que d’embellir, par sa sagesse, sa vertu et sa diligence, le royaume que le sort lui a donné, quelle qu’en soit la valeur. Tu as reçu une petite cité, imite Épaminondas, {i} applique-toi à faire que cette bourgade endormie devienne beaucoup plus riche et peuplée. Tu as reçu une contrée sauvage et inhabitable, mets tous tes soins à peu à peu la domestiquer et à la soumettre aux lois].

    1. Épaminondas, général thébain du ive s. av. J.‑C., s’illustra dans les guerres de sa patrie contre Spartes et Athènes, et refonda Thèbes contre Sparte.

Dans le récit de ses voyages européens (1667-1676, après son bannissement hors de France), Charles Patin a mentionné Hermann Conring parmi les savants à qui il a rendu visite (v. note [36] de son Autobiographie).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Hermann Conring, le 2 novembre 1663, note 2.

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(Consulté le 18/04/2024)

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