À Johann Daniel Horst, le 28 novembre 1664

Note [8]

De son premier mariage avec Barbara Pithot (ou Bitot, 1613-1646), Johann Caspar i Bauhin (1606-1685) avait eu dix enfants, dont trois fils qui s’étaient destinés à la médecine :

Lors de leurs séjours à Paris, tous trois, apprend-on ici, avaient été auditeurs de Patin au Collège de France. En 1654, leur père s’était remarié avec Anna Maria Meyer (1629-1685) qui lui donna quatre autres enfants, dont un fils qui devint aussi médecin : Friedrich (1656-1696), qui était trop jeune pour figurer dans la correspondance de Patin, fut reçu docteur à Bâle en 1678 et devint médecin de la duchesse douairière Sibylla de Wurtemberg.

Philosophe grec du vie s. av. J.‑C., Héraclite d’Éphèse était réputé mélancolique et misanthrope, pleurant de tout quand Démocrite (v. note [9], lettre 455) riait de tout. Diogène Laërce (Vies et doctrines des philosophes illustres, livre ix, 13) cite une lettre d’Héraclite au roi Darius ier (v. notule {a}, note [45] des Triades du Borboniana manuscrit) qui l’invitait à rejoindre sa cour :

« Tous ceux qui se trouvent vivre sur terre sont bien éloignés de la vérité et de la justice : ils se soucient de leurs désirs insatiables et de leur soif d’honneurs, à cause de leur misérable démence. Pour moi, j’entretiens en moi l’oubli de toute mesquinerie, j’évite le rassasiement de toutes choses, qui est le compagnon habituel de l’envie ; et parce que je redoute l’éclat excessif, je ne saurai me rendre dans le pays des Perses, me contentant de peu selon mon idée. »

Patin a souligné le mot « métamorphose » et l’a écrit avec une majuscule initiale (Metamorphosin), pouvant suggérer un renvoi aux Métamorphoses d’Ovide ; mais cette piste ne m’a mené à rien. Je me suis contenté de penser que Patin voulait rire du triste naufrage qui avait emporté Johann Caspar ii dans la déchéance, puis dans un monastère (v. note [11], lettre 532). La carrière médicale de Johann Jakob fut probablement aussi un échec, comme le laisserait penser l’absence de données biographiques le concernant. Le rire narquois (« démocritique ») de Patin à leur sujet tenait, me semble-t-il, à la froideur de Johann Capar i, leur père, à son égard, dont il s’est plusieurs fois plaint dans ses lettres.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Daniel Horst, le 28 novembre 1664, note 8.

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(Consulté le 18/04/2024)

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