À Sebastian Scheffer, le 24 mai 1665

Note [29]

Page 90 (Paris, 1646), livre i, chapitre xxxvi, De Sena [Le Séné] (v. note [6], lettre 15), Guy Patin soumettait trois corrections concernant son purgatif favori.

  1. Ligne 4 (§ 5), sur les gênantes flatulences qu’il provoque, ajouter aiunt [disent-ils] dans :

    Præter hæc, vim habet purgandi per inferiora, quam plerique ad stuporem usque extollunt, adeoque dare volunt sine corrigentibus. Ego vero expertus sum, et ante me alii, esse insigniter flatuosam. Quod cum illi fieri (aiunt) per accidens, υπερφθεγγονται την αληθειαν, ut Galenus alicubi loquitur.

    [Outre cela, il a le pouvoir de purger par le bas, comme plusieurs le proclament jusqu’à l’extase, à tel point qu’ils veulent l’administrer sans atténuants ; mais comme bien d’autres avant moi, j’ai constaté qu’il est remarquablement flatueux. Cela (disent-ils) ne se produit qu’incidemment, « ce qu’ils crient haut et fort comme étant la pure vérité », comme l’écrit quelque part Galien].

  2. Ligne 24 (§ 8), sur la manière d’administrer le séné, remplacer Id idpsum etiam infuso par Id ipsum etiam in infuso dans la phrase :

    Id idpsum (ipsum) etiam (in) infuso volunt, quod propterea præferunt decocto, quod sine violentia detrahat id, quod purgat.

    [Ils veulent aussi que ce soit en infusion, de préférence à la décoction, parce qu’elle fait sortir sans violence ce qu’elle purge].

    L’infusion d’une substance dans un liquide consiste simplement à l’y tremper (à froid ou à chaud), tandis que la décoction consiste à l’y faire bouillir.

  3. Ligne 35 (§ 10), corriger une coquille (diu [longtemps] pour duo) dans :

    Ex Sena diu (duo) fiunt in Offic. Electuarium diasenæ, et Pulvis Senæ præparatus.

    [Les officines font deux remédes à partir du séné : l’électuaire de diaséné et la poudre préparée de séné].

    Le diasène, diasenne ou diasenna est (Thomas Corneille) :

    un « électuaire {a} mol purgatif, qu’on a appelé ainsi à cause du séné qui en est la base. On y fait entrer la pierre d’azur {b} lavée et non brûlée, les clous de girofle, le poivre noir, les avelines {c} rôties, le sucre candi, {d} le cardamome, les fleurs de romarin, les feuilles du girofle, ou du malabathrum {e} des Grecs, la suie un peu torréfiée, le safran, le poivre long, le zédoaire {f}, le gingembre, la pierre d’Arménie lavée, la cannelle, le galanga minor, {g} la semence de basilic et le nard indique. {h} Le diasenna soulage les mélancoliques et les rateleux, {i} et sert de remède à toutes les maladies qui viennent de l’atrabile. »


    1. V. note [5], lettre 167.

    2. Lapis-lazuli, v. note [2] de l’observation viii.

    3. Blanc.

    4. Grosses noisettes.

    5. Feuille d’une plante aquatique venant des Indes.

    6. Racine ressemblant au gingembre.

    7. Plante venue d’Inde, ayant une vertu stimulante.

    8. V. note [8] de l’observation vii.

    9. Malades de la rate.

    La poudre préparée de séné (pulvis senæ preparatus ou præparatæ, selon qu’on accorde le participe avec pulvis ou senæ), dite de Montagnana (v. notule {b}, note [15] de l’Observation xi sur les apothicaires), associait aussi divers ingrédients au séné : gingembre, cannelle, tartre, etc.

    Prescrites au lieu du pur séné, ces mixtures garnissaient la bourse des apothicaires. Patin les avait en horreur.

La réédition de Francfort (1667, pages 72‑73) a appliqué ces trois corrections.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Sebastian Scheffer, le 24 mai 1665, note 29.

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(Consulté le 16/04/2024)

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