À Pierre Gassendi, le 29 juin 1655

Note [5]

Ce chapitre de l’« Histoire des plantes » de Théophraste d’Érèse (édition grecque et latine d’Amsterdam, 1644, v. note [7], lettre 115) est intitulé Thrasiam Mantinensem quoddam comperisse venenum, quod sine dolore inferre obitum posset. Quodque Alexias, ejus discipulus, fuerit non indoctior. Item quo modo Chii cicutam præparent, ut celeriter enecet [Thrasias de Mantinée a trouvé un poison qui pouvait provoquer la mort sans douleur. Son disciple Alexias, son élève, n’a pas été sans le connaître. Et aussi de quelle manière les habitants de Chio préparent la ciguë pour qu’elle tue promptement]. Guy Patin renvoyait au début (page 1145) :

Thrasias Mantinensis tale se comperisse ajebat, ut facile et absque ullo dolore inferre obitum posset. Nec alio quam succo cicutæ, et papaveris, et aliorum ejusmodi. Idque admodum contractum exiguumque, videlicet ad drachmæ pondus, ut nec ullum admitteret remedium.

[Thrasias de Mantinée {a} disait avoir trouvé un poison capable de provoquer aisément la mort, et ce sans aucune douleur. Il ne s’agissait d’autre chose qu’un suc tiré de la ciguë, du pavot et d’autres plantes de cette sorte. Il était si réduit et concentré qu’après en avoir absorbé une drachme, nul remède ne pouvait en contrarier l’effet]. {b}


  1. Thrasias de Mantinée est un botaniste grec natif de Mantinée dans le Péloponnèse, contemporain de Théophraste.

  2. La suite n’en apprend guère plus sur le poison de Thrasias que ce que disent cet extrait et le titre du chapitre. Dans le long commentaire qui le suit, Johannes Bodæus van Stapel (v. note [72], lettre latine 351) s’est savamment interrogé sur la nature de la ciguë des Grecs. Éloy a consacré une brève rubrique de son dictionnaire biographique à Thrasias :

    « Il se vantait d’avoir trouvé une drogue qui avait la propriété de faire mourir sans aucune douleur : belle découverte pour un homme dont l’esprit ne devait s’occuper que de la recherche des choses qui peuvent conserver la vie. On ne connaît plus cette drogue aujourd’hui. La perte n’est pas grande ; il n’y a qu’un mélancolique partisan du suicide qui puisse la regretter. »



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Pierre Gassendi, le 29 juin 1655, note 5.

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(Consulté le 23/04/2024)

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