Annexe : Déboires de Carolus

Note [176]

La conclusion (§ lxix, page 31) d’Alexander Knips-Macoppe était pour le moins optimiste :

Quod si in hoc casu tunc tantum polypus detectus fuerit, cum jam altioribus actis radicibus nulla arte deturbari poterat, haud deerat tamen alicujus tentaminis opportunitas, a specificis dissolventibus in epistola enucleatis dessumpta, quibus saltem ejusdem porrectio ad totalem arteriæ obstructionem, vel sanguinis successiva concretio, aut recens polyporum soboles in sinistro ventriculo inhiberetur ; a quibus fortasse magis intercepto sanguinis commeatu, quam ab Aortæ polypo, qui canali per medium aperto, sat olei, ad vitæ flammam adhuc perennandam, trajiciebat ; immatura suffocatio prævaluit.

[Si dans ce cas le thrombus n’a été détecté qu’au moment où nul effet de l’art ne pouvait plus le déloger des très profondes racines qu’il s’était formées, la lettre ne manquait pourtant pas d’offir l’occasion de tenter l’administration de dissolvants spécifiques soigneusement choisis. {a} Ils auraient du moins empêché sa progression jusqu’à l’occlusion totale de l’artère, la concrétion en cascade du sang ou la formation de thrombus dans le ventricule gauche. Plus de sang parvenant ainsi à passer que par le chenal creusé dans le thrombus, suffisamment d’huile pouvait alimenter la flamme de la vie ; {b} mais une mort prématurée a prévalu]. {c}


  1. Le § xlv de la lettre (page 24) recommande l’utilisation de remèdes alcalins qui permettraient de résoudre la thrombose, puisque les substances acides étaient réputées la favoriser.

  2. Ce raisonnement intuitif est faux, car le thrombus qui se forme dans un anévrisme est une défense naturelle : il recrée un canal sans rétrécir sensiblement la lumière de l’artère, et il renforce la paroi artérielle défaillante et en retarde la rupture.

  3. Le latin d’Alessandro Knips-Macoppe se dégradait à mesure qu’il noircissait les pages ; ma version française est une interprétation plausible et non pas une traduction littérale de son propos, rendue impossible par une syntaxe fort malmenée.

Du vivant d’un malade, seule une tuméfaction battante de la poitrine permettait le diagnostic d’une anévrisme aortique de très grande taille, proche de la rupture. Celui de Charles Patin en était encore loin. Le dépistage plus précoce n’en a été rendu possible qu’au xxe s., avec les progrès de la radiologie, puis l’utilisation des ultrasons (échographie) et de la résonance magnétique (I.R.M.). Le traitement requiert une lourde intervention chirurgicale.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Annexe : Déboires de Carolus, note 176.

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(Consulté le 24/04/2024)

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