Autres écrits : Leçons de Guy Patin au Collège de France (1) : sur le Laudanum et l’opium
Note [50]
[Histoire de la vie et de la mort par le baron Francis de Verulam, {a} vicomte de Saint-Alban ; ou second titre dans l’Histoire naturelle et expérimentale pour établir la philosophie, qui est la troisième partie de la grande Instauration] ; {b}
histoire intitulée Operatio super Spiritus, ut maneant juveniles, et revirescant [Opération sur les esprits, pour qu’ils restent jeunes et reprennent vigueur], composée de 99 paragraphes (pages 211‑262), où se lisent huit avis sur l’opium.
[L’opium et ses apparentés ne mettent pas en fuite les esprits en raison de leur tempérament froid (certaines de leurs parties sont manifestement chaudes) ; au contraire, ils refroidissent en faisant fuir les esprits].
[La fuite des esprits provoquée par l’opium et les opiacés se discerne très bien quand on les applique sur les parties externes du corps : les esprits s’en échappent aussitôt et ne veulent plus y revenir ; mais la partie se mortifie et tend vers la gangrène].
[Les opiacés adoucissent la souffrance dans les grandes douleurs, comme en provoquent les calculs et l’incision des membres, surtout en provoquant la fuite des esprits].
[Les opiacés tirent un bon effet d’une mauvaise cause : la fuite des esprits est en effet mauvaise ; mais leur densification par la fuite est bonne].
[Les Grecs se sont beaucoup reposés sur les opiacés pour conserver la santé et prolonger la vie ; et les Arabes plus encore, à tel point que leurs plus éminents remèdes (qu’ils appellent les mains des dieux) ont l’opium pour base et principal ingrédient ; les autres composants qu’on y mêle servant à émousser et corriger ses qualités nocives ; tels sont la thériaque, le mithridate, etc. (…)]
[(…) L’action propre du froid est en effet la densification, et elle s’obtient sans aucune malignité, ni qualité adverse : c’est donc une opération plus sûre que celle qu’on obtient à l’aide des opiacés. Bien qu’elle agisse moins puissamment, si on l’emploie seule, à la place des opiacés, l’alimentation quotidienne peut la procurer simplement et avec modération, en allongeant la vie bien plus efficacement que les opiacés].
La sentence finale de Bacon était défavorable aux opiacés, mais tout de même plus nuancée que ce qu’en disait Guy Patin.
L’emploi topique des opiacés (application externe sur la peau, sur les yeux ou dans le conduit auditif externe), plusieurs fois mentionné dans cette leçon, n’est plus employé de nos jours. Celui des anesthésiques locaux (dits de contact) s’y est avantageusement substitué.