Autres écrits : Leçons de Guy Patin au Collège de France (2) : sur la Manne

Note [12]

Donati Antonii ab Altomari de Mannæ differentiis ac viribus, deque eas dignoscendi via ac ratione [Des différentes espèces de Manne et de leurs effets, et la raison et manière de les reconnaître, par Antonio Donato da Altomari (v. note [12], lettre 401)] (Venise, Marcus de Maria, 1562, in‑4o), ouvrage que l’Encyclopédie méthodique, Médecine a commenté en ces termes :

« Il est essentiel de remarquer, dit Kestner, qu’Altomare fut un des premiers de ceux qui ont cru que la manne de Calabre n’était point une espèce de rosée, opinion jusqu’alors reçue de tout le monde, mais le suc d’un arbre ; {a} ce qu’il s’est efforcé de démontrer dans cet écrit. Claude Saumaise, néanmoins, a fait de grands efforts pour défendre l’ancienne opinion. » {b}


  1. La manne de Calabre était un purgatif végétal équivalent à la manne des Arabes (ou du Liban) et au miel aérien ou miel de rosée de Galien.

  2. V. infra note [27].

Le traité sur la manne a été réimprimé à la fin des Donati Antonii ab Altomari… omnia, quæ hucusque in lucem prodierunt, Opera… [Toutes les œuvres d’Antonio Donato da Altomari… qui ont été publiées à ce jour…] (Lyon, Guillaume Rouillé [ou Roville, v. note [5], lettre de Charles Spon, datée du 5 mars 1658], 1565, in‑fo). Guy Patin y faisait allusion à ce passage (page 1011) :

At si quispiam dixerit quandoque observatum esse, ex eius saltem mannæ usu, quæ primo arboribus iam dictis incisis emanat, superpurgationes, intestinorum abrasiones, seu tormina et alia quoque mala supervenisse : nos facile obiectionem hanc delebimus, afferentes hæc non huius arboreæ mannæ ratione provenisse, sed quia minus recte medicus quispiam ea usus fuerit intempestive, aut morbis, seu corporibus quibus non competit, exhibens : vel coniectura male eius quantitatem assequutus, aut forte deceptus, putans eam aeream esse, vel quippiam aliud adulteratum, seu factitium, pro manna hac exhibens : quamobrem frustra non animadvertimus nos prius quando diximus quod absque noxa semper hac arborea manna uti poterimus : ubi ut decet ea utamur. Cæterum quis unquam eiusdem usum impedire audeat, si nonnulli alii arborum, fruticum, seu herbarum succi, humores, lachrymæ, resinæ, seu gummi, in medicinæ usu admittuntur, quamvis eorum aliqui violentiores, calidiores, acrioresque fuerint, et quiddam venenosa etiam qualitate participent, ut scammonium, elaterium, euphorbium, et alii similes : sunt et præter hæc humores alii, gummi seu resinæ, quorum in arte medica usus admittitur, ut aloë, bdellium, sagapenum, opoponax, Hammoniacum, myrrha, mastiche, thus et reliquæ resinæ omnes, præsertim therebentina, nonnullaque alia, quæ brevitatis causa consulto prætermittimus. Admittenda itaque est hæc nostra manna, quæ ex fraxino et orno duntaxat quovis modo colligitur, tanquam mortalibus magnopere ad iam dictos usus conferens.

[Il arrive que quelqu’un dise avoir observé que la manne provoque des purgations excessives, des abrasions de l’intestin, des coliques ou d’autres méfaits. Si, du moins, il a utilisé celle que produit primitivement l’incision des arbres susdits, {a} nous écarterons sans peine sa remarque en objectant que cette manne d’arbre n’était pas en cause, mais bien plutôt le médecin qui soit l’aura prescrite de manière inopportune dans des maladies ou chez des malades auxquels elle ne convenait pas, soit en aura mal conjecturé la dose, soit aura été trompé, car nous pensons qu’il a prescrit, au lieu de la bonne manne, une manne éventée, ou quelque autre remède frelaté ou falsifié. Notre remarque n’est donc pas vaine quand nous disons avoir toujours pu utiliser cette manne d’arbre sans inconvénients, en la prescrivant quand et comme il convient. Du reste, qui oserait jamais en interdire l’emploi, quand la médecine permet celui de quelques autres sucs, sèves, larmes, résines ou gommes d’arbres, d’arbrisseaux ou d’herbes, bien que certains d’entre eux soient plus drastiques, plus chauds et plus âcres, et possèdent même quelque qualité vénéneuse, tels que la scammonée, l’élatérium, l’euphorbe et autres semblables ? {b} En outre il existe d’autres sucs, gommes ou résines, que nous omettons à dessein, par souci de brièveté, tels que l’aloès, le bdellium, le sagapénum, l’opoponax, l’ammoniac, la myrrhe, le mastic, l’encens, et toutes les résines, en particulier la térébenthine, et quelques autres encore. {c} Il faut donc admettre que la manne dont nous disposons, celle qu’on recueille, d’une manière ou d’une autre, du frêne et de l’orne, est fort utile aux mortels dans les indications que nous avons dites].


  1. Le frêne et l’orne.

  2. V. notes [4], lettre 172, pour la scammonée, [5], lettre 882, pour l’élatérium, et [6], lettre latine 75, pour l’euphorbe.

  3. V. notes [8], lettre 169, pour l’aloès, [25], lettre latine 351, pour le sagapénum, [3], lettre 436, pour la myrrhe et le bdellium, [73], lettre latine 351, pour le mastic, et [4], lettre 220, pour la térébenthine.

    L’opoponax est la gomme d’une plante dénommée panaces heracleum.

    L’ammoniac (ou armoniac) est celle que produit l’arbre de même nom, qui pousse en Afrique du Nord.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Leçons de Guy Patin au Collège de France (2) : sur la Manne, note 12.

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(Consulté le 24/04/2024)

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