Autres écrits : Consultations et mémorandums (ms BIU Santé  2007) : 16

Note [15]

Anatomiæ prælectiones Archangeli Piccolhomini Ferrariensis civisque Romani, explicantes mirificam corporis humani fabricam : Et quæ animæ vires, quibus corporis partibus, tanquàm instrumentis, ad suas obeundas actiones, utantur ; sicuti tota anima, toto corpore [Leçons d’anatomie d’Arcangelo Piccolomini, natif de Ferrare (en 1526) et citoyen romain (ville où il enseigna l’anatomie et mourut en 1605) expliquant la merveilleuse fabrique du corps humain, et comment les forces de l’âme sont en relation avec les parties du corps, comme avec des instruments, pour obtenir l’exécution de ses ordres ; comme le corps tout entier au service de l’âme tout entière] (Rome, Bartolomeo Bonfadino, 1586, in‑fo) ; ce passage se trouve à la page 86 :

Valvæ tres, quemadmodum in corde, ad cæcum intestinum sut additæ, tanquam ostiola quædam deorsum spectantes, hunc in finem, ut materiam in intestinis gracilioribus conclusam, deorsum illabi sinant, illapsam autem, in crassiora impediant ne sursum resilire possit. Proinde harum valvarum interventu, quicquid in crassioribus intestinis, sive stercus, sive putridus flatus, extiterit, prohibetur, ne in violentis abdominis compressionibus, in tenuiora, nobilioraque intestina, possit refundi, ad præpediendas nobiliores naturæ functiones. Has autem valvas, cæco esse addictas, observatione deprehendes, si colon inferne impleveris aqua, illudque sublime suspensum teneas, cernes, nihil prorsus aquæ, valvas illas perfluere, et in graciliora intestina subire. Sed quid de aqua dico ? Cum si rectum intestinum, aere ac flatu, qui longè aqua est penetrabilior, sufflando impleveris, ne minimum quidem flatus erumpere videbis à colo et cæco, in ileon, tam arctè claudunt valvæ illæ. Imo, si pugno premas colon, potius aliquid disrumpetur, quam valvæ illæ cædant, flatus ascensui, in graciliora intestina. Quid plura ? Hoc tibi exploratum evadet, si experientia adhibita, hoc tibi exploratum fieri, operam naves.

[De la même manière que dans le cœur, trois valves s’adjoignent au cæcum, comme de petites portes s’ouvrant vers le bas, pour permettre que la matière contenue dans l’intestin grêle s’écoule vers le bas, et empêcher qu’une fois écoulée dans le gros intestin, elle ne puisse refluer vers le haut. {a} Ainsi donc, par l’intervention de ces valves, tout ce qui sort du gros intestin, qu’il s’agisse de matière fécale ou de ventosité putride, est empêché, si l’abdomen est violemment compressé, de pouvoir être refoulé dans le plus noble intestin grêle, pour y entraver l’exécution des plus nobles fonctions de la nature. Une observation vous permettra de découvrir ces valves qui s’adjoignent au cæcum : si, par en bas, vous remplissez le côlon avec de l’eau, puis que vous le tendez suspendu en hauteur, vous verrez distinctement que pas une goutte d’eau ne franchit ces valves et ne pénètre dans l’intestin grêle. Mais pourquoi ne parler que d’eau ? Quand vous emplissez le rectum en y injectant de l’air et du vent, qui pénètre beaucoup mieux que l’eau, vous verrez que pas même une bulle ne passe du côlon et du cæcum dans l’iléon, tant ces valves sont hermétiques. Qui plus est, si vous serrez le colon avec le poing, vous le romprez plutôt que faire céder ces valves et passer de l’air dans l’intestin grêle. Que dire de plus ? Vous serez convaincu de cela si vous prenez le soin d’exécuter cette expérience, et cela vous paraîtra évident]. {b}


  1. V. supra notules {g} et {h}, note [8], pour la citation de ce passage dans le Theatrum anatomicum de Caspar Bauhin (1621) et pour l’analogie avec les valvules cardiaques.

  2. En renvoyant le lecteur à cet extrait, Jean ii Riolan semblait vouloir prendre Bauhin en flagrant délit de plagiat, tant la démonstration de la valvule iléo-cæcale par Piccolomini, publiée en 1586, ressemblait à celle que Bauhin avait donnée dans la préface de son traité de 1588 (v. supra note [14]) ; mais ce serait oublier que Riolan disait ignorer l’existence de ce dernier livre, et que Bauhin avait décrit sa propre expérience dans son livre sur la césarienne paru en 1582 (et que Riolan connaissait). Piccolomini n’y a, apparemment, ajouté que l’injection d’air à celle d’eau.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Consultations et mémorandums (ms BIU Santé  2007) : 16, note 15.

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(Consulté le 28/03/2024)

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