Autres écrits : Consultations et mémorandums (ms BIU Santé  2007) : 20

Note [8]

Référence au chapitre iii, Les symptômes du mouvement et du sentiment (page 329), livre cinquième de la Pathologie de Jean Fernel (traduction française de 1655, v. note [1], lettre 36) :

« Au reste, cette cause qui interrompt l’influence et distribution des esprits est pour l’ordinaire une pituite crasse {a} fortement attachée au nerf, qu’elle bouche, et empêche par ce moyen que les esprits animaux ne soient distribués à la partie dans laquelle ce nerf est étendu. Voire même, toute autre sorte d’humeur attachée en la moelle de l’épine {b} peut causer la paralysie ; et souvent, elle provient de la bile jaune qui s’est jetée sur l’épine du dos et sur les sources des nerfs, au déclin des fièvres intermittentes. »


  1. Épaisse.

  2. Moelle épinière, d’où naissent et où arrivent les nerfs, moteurs et sensitifs, des membres et du tronc.

Guillaume Rondelet (v. note [13], lettre 14) a directement condamné ce propos de Fernel dans le chapitre xxxiii, De paralysi in Fernelium [De la paralysie dans Fernel] (page 149) du premier livre de sa Methodus curandorum omnium morborum corporis humani, in tres libros distincta… [Méthode pour soigner toutes les maladies du corps humain, divisée en trois livres…] (Genève, Jakob Stoer, 1609, in‑8o, première édition à Paris, 1574) :

Paralysim a pituita crassa nervo tenaciter inherente fieri omnium medicorum est sententia. Ego vero a tenui, sed multa, quæ a cerebro defluit, et ob tenuitatem, totam nervi substantiam irrigat, mollioremque efficit, in quo idem nervis, quod in apoplexia cerebro accidit. Ex illa neim nervi remollitione sequitur nervi extensio, constructioni naturali contraria, quæ efficit, ut partem, cui inseritur nervus movere non possit. Quare non est audiendus Fernelius qui flavam bilem paralysim posse excitare scribit.

[Au jugement de tous les médecins, la paralysie est engendrée par une pituite épaisse fortement attachée au nerf ; mais, à mon avis, il s’agit d’une pituite déliée, mais abondante, qui s’écoule du cerveau. En raison de sa fluidité, elle irrigue la substance tout entière du nerf et le ramollit. Elle tombe sur les nerfs comme elle fait sur le cerveau pour y engendrer l’apoplexie. Au ramollissement du nerf qu’elle provoque, succède son extension, qui est contraire à la constitution naturelle du nerf et fait qu’il ne peut plus provoquer le mouvement de la partie à laquelle il s’attache. Il ne faut donc pas écouter Fernel quand il écrit que la bile jaune peut provoquer la paralysie].


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Consultations et mémorandums (ms BIU Santé  2007) : 20, note 8.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8150&cln=8

(Consulté le 19/04/2024)

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