Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : i

Note [7]

Début du chapitre intitulé Des médicaments qui ôtent la bile noire, lesquels, à cause de cela, on appelle mélanagogues (pages 369‑370) de la Thérapeutique universelle de Jean Fernel (1554 ; édition française de Paris, 1655, v. note [1], lettre 36) :

« Le séné, chaud et sec au commencement du second degré, plus excellent en ses gousses qu’en sa semence ou en sa feuille, est un peu amer et astringent, purge parfaitement bien la mélancolie aduste, la bile et la pituite grossière, non pas incontinent des lieux éloignés, {a} mais particulièrement de la rate, puis aussi des autres viscères, des hypocondres et du mésentère, dans lesquels est l’égout de toutes les impuretés ; car à peine se trouve-t-il de médicament qui attire avec tant d’efficace de ces endroits-là les humeurs grossières et corrompues, ou < qui > évacue les tumeurs endurcies, ou qui, en se glissant dans les veines déliées, {b} ouvre si bien leurs vieilles obstructions ; et toutefois, il ne saurait ôter les eaux des hydropiques, encore qu’elles soient fort proches. {c} Il est uniquement profitable aux maladies longues et lentes, engendrées par l’impureté des viscères ou par une vieille obstruction, comme fièvres lentes et invétérées, mélancolie, épilepsie, gale, dartres, taches du corps, lèpre, et enfin toute sorte d’impureté. Il aiguise aussi les sens, réjouit le cœur, se rendant quelquefois importun par des tranchées, {d} non pas à cause qu’il excite des flatuosités, mais parce que les humeurs qui sont fortement attachées et ordinairement âcres ne se peuvent arracher sans douleur. On n’a pourtant jamais remarqué qu’il ait ou raclé les intestins, ou provoqué le sang. Il purge doucement mais lentement, sans avoir aucune qualité dangereuse, sinon qu’il est un peu fâcheux à l’estomac. Il est utile aux jeunes garçons et aux vieillards, et n’est pas nuisible aux femmes enceintes. Il faut le mêler avec des choses qui fortifient l’estomac et qui aiguillonnent sa vertu, laquelle est un peu paresseuse, comme gingembre, cannelle ou spica, {e} et avec celles qui purgent doucement et sans tranchées, {d} comme sont bouillons gras, prunes, jujubes, raisins cuits, violettes, guimauves, polypodes, {f} et les sirops qui en sont composés. En poudre, on le donne jusques à deux drachmes, et en décoction, depuis trois drachmes jusques à six. Étant délayé de demi-once jusques à une once. »


  1. Sur-le-champ, des parties profondes.

  2. Menues.

  3. Superficielles (sous la peau et dans les plèvres).

  4. Coliques de ventre (v. note [2], lettre 267).

  5. Nom latin abrégé du spica-nard (spaca nardi, v. note [8] de l’observation vii).

  6. Plante de la famille des fougères.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : i, note 7.

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(Consulté le 23/04/2024)

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