Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : iii

Note [2]

Roborer est un latinisme dérivé de roborare, fortifier. Le lecteur de Guy Patin connaît son inclination pour le pléonasme.

Le troisième des Galeni in Hippocratis librum de acutorum victu commentarii [Commentaires de Galien sur le livre d’Hippocrate concernant le régime alimentaire dans les maladies aiguës] porte principalement sur la boisson des malades, vin et eau miellée (mélikrêtos en grec, mulsa aqua en latin). Sans qu’il y soit spécifiquement question du cœur, la citation de Guy Patin se trouve au chapitre xvi (Kühn, volume 15, pages 665‑666, traduit du grec) qui concerne ce propos d’Hippocrate :

Damnata vero est ab hominibus aqua mulsa, quod ipsam bibentes deartuet, ac propterea mortem accelerare existimata est. Verum id ob inedia tabescentes dictum sit. Nonnulli enim sola mulsa in potu utuntur, tanquam nimirum talis existat.

[Les hommes ont banni l’eau miellée car elle disloque ceux qui la boivent et, pour cette raison, on estime qu’elle hâte la mort. La même vérité vaut pour le jeûne chez les tabides. Malgré tout, quelques-uns ne boivent que de l’eau miellée].

Commentaire de Galien :

Dicere summe debilitari a mulsa et mulsam nullo pacto nutrire aut exigue, idem non est, imo vero tria hæ inter se differunt. Nam quæ vires imminuunt, ut sanguinis eruptio, dejectio copiosa, sudor immoderatus et per accidens inedia, jure debilitare dicuntur. At quæ nullo modo nutriunt, ut aqua, ea vires neque summe debilitare, neque roborare quispiam vere dixerit, nisi interdum per accidens. Aqua siquidem non ut alimentum ægrotantium vires recreat, sed ut medicamentum, ad temperamenti symmetriam quæ propter ipsius immoderationem imbecillæ sunt, reducens. Tertio deinceps loco sunt, quæ exigue nutriunt, quibus qui tantummodo utitur, etiamsi interire possit, non tamen tanquam vires imminuentibus, sed tanquam eas non quod satis sit roborantibus. Ex his igitur est et mulsa.

[Ce n’est pas la même chose de dire que l’eau miellée affaiblit profondément, et de dire que sa faculté nutritive est nulle ou très ténue, car, en fait, trois situations différentes sont à considérer. Il est juste de tenir pour débilitantes les affections qui diminuent les forces, comme le saignement, la diarrhée profuse, la sudation excessive ou, par accident, le jeûne. Mais, à dire vrai, ce qui n’a aucune faculté nutritive, comme l’eau, n’accroît ni ne diminue notablement les forces, sinon parfois, par accident : si l’eau restaure les forces des malades, ce n’est pas comme aliment, mais comme médicament, en corrigeant l’intempérie qui les affaiblit. En troisième lieu, viennent les aliments peu nourrissants : chez celui qui y recourt exclusivement, bien qu’il puisse en mourir, ils n’agissent pas en diminuant les forces, mais en ne les augmentant pas suffisamment. C’est à cette catégorie qu’appartient l’eau miellée].


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : iii, note 2.

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(Consulté le 24/04/2024)

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