Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : iv

Note [5]

L’Islande faisait alors partie du royaume de Danemark et de Norvège.

V. note [6], lettre latine 11, pour Olaüs Wormius et ses Institutiones medicæ (Copenhague, 1638). Je n’ai pas eu accès à cet ouvrage ; mais Marie-France Claerebout, la très sagace relectrice de notre édition, me signale fort justement que Thomas Bartholin, neveu de Wormius, a notamment repris ses observations dans le chapitre xv, Unicornu Septentrionalis descriptio, et de eo Variorum error. Frons pro ore. Dentem esse non cornu. Wormii de eo Dissertatio. Calcinatio dentis. Cranium. Septentrionis majestas [Description de la licorne septentrionale, et l’erreur de divers auteurs à son sujet. Confusion du front avec la bouche. Une dent n’est pas une corne. Dissertation de Wormius à son sujet. Calcination de la dent. Crâne. Majesté du Septentrion], de ses De Unicornu Observationes novæ. Accesserunt de Aureo Cornu Cl. V. Olai Wormii Eruditorum Iudicia [Nouvelles observations sur la Licorne. Avec les Jugements des savants sur la Corne en or, par le très brillant Olaüs Wormius] (Padoue, Typis Cribellianis, 1645, in‑8o). La dissertation de Wormius y est transcrite aux pages 98‑102, sous le titre An os illud quod vulgo pro cornu monocerotis venditatur, verum sit unicornu ? [Cet os, qu’on vend partout pour de la corne de licorne, provient-il vraiment de cet animal ?], avec ce passage (page 101) :

Hoc ante me indicavit Geradus Mercator in Atlante Minore, Islandiam descripturus, ubi inter reliqua hæc habet : “ Inter quæ piscis Narhrval. Hujus carnem si quis comedat, statim moritur, habetque dentem in interiori capitis parte prominentem ad septem cubitos ; hunc quidam pro Monocerotis cornu vendiderunt, creditur venenis adversari. Quadraginta ulnarum habet bellua. ”

[Gerardus Mercator a indiqué cela avant moi dans l’Atlas Minor, {a} à la description de l’Islande, dont, parmi d’autres faits, il dit : « Entre lesquels est le Nahrval. {b} Sa chair fait soudain mourir celui qui en mange, et a une dent qui avance de sept coudées sur l’inférieure partie de la tête. Aucuns l’ont vendu pour corne du monocéros, {c} et croit-on qu’elle résiste aux venins. Cette bête a 40 aunes de longueur. »] {d}


  1. Gerardus Mercator est le nom latin de Gérard Mercator (Gerard De Kremer ; 1512 Rupelmonde, Flandre-Orientale-Duisbourg 1594), célèbre mathématicien, géographe et cartographe de la Renaissance, inventeur du mot atlas, dans le sens de recueil de cartes géographiques. Son Atlas Minor [Petit Atlas] a paru en français en 1609 (Amsterdam, Jodocus Hondius). J’y ai repris la traduction (page 28) du passage cité par Wormius.

  2. Narvhal (écrit Nahual dans l’Atlas de Mercator) est le nom danois du narval, cétacé des mers arctiques doté d’un long rostre torsadé.

  3. Licorne.

  4. En mesure (équivalant à environ 50 centimètres), comme en anatomie humaine de l’avant-bras, cubitus, coudée, et ulna, aune (dans le sens romain ancien), sont deux synonymes.

Au mot « poisson » et aux « dents de baleine » près, Guy Patin battait parfaitement en brèche le mythe de la licorne en identifiant sa corne à celle du Narval. En revanche, les rhinocéros (du grec ris, nez, et kéras, corne) existent bel et bien et font aujourd’hui les frais de cette vieille charlatanerie.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : iv, note 5.

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(Consulté le 19/04/2024)

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