Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : xi

Note [17]

Bernhard Dessen van Cronenburg (Bernardus Dessennius Cronenburgius, Amsterdam 1510-Cologne 1574), docteur de la Faculté de Bologne, exerça et professa la médecine à Cologne : De Compositione medicamentorum, hodierno ævo apud Pharmacopolas passim extantium, Libri x… Simplicium atque Aromatum nomenclaturis Latinis ac Germanicis tantum ab autore antea editis, nunc etiam Gallicas et Italicas in harum nationum gratiam adjecimus, cum Indice earundem omnium locupletissimo [Dix livres sur la Composition des médicaments qu’on trouve aujourd’hui partout chez les pharmaciens… Aux dénominations latines et allemandes des simples et des aromates, que l’auteur avait seules données précédemment, nous avons ajouté les françaises et les italiennes, pour le profit de ces deux nations, avec un très riche index qui les réunit toutes] (Lyon, Guillaume Rouillé [ou Roville, v. note [5], lettre de Charles Spon, datée du 5 mars 1658], 1556, in‑8o).

Trois sections du livre i, intitulées Theriaca Andromachi Iunioris, ex viperis, dicta Galene [La thériaque d’Andromaque le Jeune (sic pour l’Ancien), dite Galênê (v. note [2], lettre 1001)] (pages 112‑130), Theriaca Manardi [La thériaque de Manardi (v. supra note [15])] (pages 130‑134) et Theriaca diatessaron Mesuæ [La thériaque diatessaron de Mésué (v. note [5], lettre latine 412)] (pages 134‑140), et un Appendix [Appendice] (pages 140‑147) traitent de la thériaque. Maints passages de cette longue compilation dénoncent les adultérations et substitutions des multiples substances qui entrent dans la composition du remède, mais sans jamais le condamner généralement. Parmi ces abus, sans prétendre avoir tout lu attentivement, mon œil a été accroché (pages 128‑129) par ce propos sur le bitume thériacal, auquel on a donné le nom français de « pierre gagate » (car on en ramassait sur les rives du fleuve Gagas en Cilicie) :

Quanquam Arabs insuper aliam compositionem assignet, nimirum pissasphaltum factitium, quo mortuorum corpora condiebantur, ex myrrha et aloë, humana pinguitudine exceptis. Brasavolus docte et evidenter rem explicat, sed quoniam pretiosam illam Syriacorum nobilium ac divitum demortuorum condituram ad nos adferro non putem, malo vulgarem Mummiam substituere, aut verius siccatam picem accipere, præsertim quando hæc cum asphalto et vim et ordinis facultatem sortiatur. Quin tutius est, rem cognitam ac synceram, quam peregrinam et multis abominabilem usurpare

[La langue arabe y ajoute pourtant une autre composition qui porte le nom de pissaphalte factice, {a} fait de myrrhe et d’aloès, avec lequel on accommodait les morts pour préserver leurs corps de la putréfaction. Brasavola {b} explique cela clairement et savamment ; mais puisque je pense qu’on n’apporte pas chez nous cette confiture de défunts Syriens, nobles et riches, je préfère y substituer de la momie commune {c} ou, bien mieux encore, employer de la poix desséchée, surtout quand j’ai le choix entre elle et l’asphalte, pour sa force et la régularité de son effet. N’est-il pas plus sûr d’utiliser une substance connue et authentique, qu’une substance étrangère et horrifiante aux yeux de beaucoup de gens ?]


  1. V. notule {b}, note [9], observation x, pour le véritable pissaphalte bitumineux.

  2. Antonio Musa Brasavola, v. note [15], lettre 409.

  3. V. notule {c}, note [9] déjà citée dans la notule {a} supra, pour ce remède aussi extravagant que répugnant.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : xi, note 17.

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(Consulté le 23/04/2024)

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