Autres écrits : Traité de la Conservation de santé (Guy Patin, 1632) : Pièces liminaires

Note [5]

Myrtili clupeus ou clypeus, le bouclier de Myrtile, est une expression proverbiale venue du grec (Murtilos oplon). Le poète grec Léonidas de Tarente (iiie s. av. J.‑C.) lui a consacré cette épigramme, traduite en latin :

Bina pericla una effugi Myrtilus armu,
Cum præmeterque solo, cum præmeterque salo.
Incolumem ex acie clypeus me præstitit ; idem
Navifragum apprensus littus adusque tulit
.

[À l’aide d’une seule arme, j’ai, moi, Myrtile, {a} échappé à deux dangers : d’abord sur terre, puis sur mer, le même bouclier m’a gardé contre l’épée et m’a porté jusqu’au rivage quand je fus pris dans un naufrage].


  1. Guerrier grec de très grand courage, rendu célèbre par le double secours que lui procura son bouclier.

Dans son emblème intitulé Auxilium nunquam deficiens [Secours jamais ne défaillant], André Alciat (v. note [19], lettre 229) a parodié les vers de Léonidas, en remplaçant Myrtile par Alexandre le Grand, pages 174 de l’édition latine (Lyon, 1551) et 196 de l’édition française (Lyon, 1549) :

Bina pericla unis effugi sedulus armis,
Cum præmeterque solo, cum præmeterque salo.
Incolumem ex acie clypeus me præstitit ; idem
Navifragum apprensus littora adusque tulit
.

« Étant pressé tant par mer que par terre,
D’un seul harnois {a} j’ai sauvé double mort,
Car mon bouclier m’a couvert en la guerre ;
En mer péri, m’a porté jusqu’à bord. »

Commentaire :

« L’écu de guerre aux anciens était si grand qu’il couvrait tout l’homme, et avec icelui pouvait-on passer une rivière ; comme fit Alexandre ne sachant nager. Par lequel écu est présenté un bon ami jamais ne défaillant, en quelque affaire que ce soit. »


  1. Harnois : « vieux mot qui signifiait autrefois la cuirasse, le casque et tout l’équipage des armes d’un cavalier pesamment armé » (Furetière) ; à prendre ici dans le sens d’armement.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Traité de la Conservation de santé (Guy Patin, 1632) : Pièces liminaires, note 5.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8167&cln=5

(Consulté le 25/04/2024)

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