Note [1]
V. notes [10], lettre 95, pour Jean-Baptiste Budes, comte et maréchal de Guébriant, mort en 1643, et [32], lettre 224, pour sa veuve, Renée Du Bec-Crespin.
Le Pré-aux-Clercs (pratum Clericorum en latin) était alors un vaste terrain non bâti qui s’étendait de l’actuelle (et déjà existante) rue Saint-Dominique (viie arrondissement de Paris) à la berge sud (rive gauche) de la Seine, face au jardin des Tuileries. Il appartenait à l’Université et lui devait son nom car ce corps était primitivement composé d’ecclésiastiques (Furetière).
En 1668, César Egasse Du Boulay (lui-même ancien recteur de l’Université) a donné un précieux historique du Pré (Du Boulay a, pages 157‑166) :
« Depuis environ 50 ans en çà, le nombre des étudiants ayant extrêmement diminué dans l’Université, et conséquemment le revenu casuel, l’on a été obligé d’en chercher un fixe en convertissant l’usage du Pré-aux-Clercs, qui n’était autrefois que pour la promenade et la récréation, en un revenu de cens et rente. Pour bien éclaircir cette matière, il y a trois choses à examiner : à qui appartenait la propriété du Pré-aux-Clercs, quel en était anciennement l’usage et comment il a été converti.Il n’y a nulle difficulté que la propriété dudit Pré n’ait appartenu autrefois aux seules nations, lorsqu’elles composaient seules l’Université : car, soit que l’on attribue la donation à Charlemagne, selon la croyance commune, ou à quelqu’un des ducs abbés qui ont eu l’administration de l’abbaye de S. Germain-des-Prés jusques au temps de Hugues Capet, comme prétendent les moines et comme l’écrit Du Breuil, il est certain que les nations l’ont possédé seules plus de trois cents ans avant que les facultés de théologie, de droit canon et de médecine fissent corps en l’Université, séparément desdites nations, ce qui n’est arrivé que vers l’an 1260, tout cela est foncièrement prouvé dans l’histoire de l’Université. {a}
[…] on a admis les doyens avec les autres députés pour rendre les actes plus solennels et plus authentiques ; mais pour conserver toujours le droit de propriété, le recteur et les quatre procureurs, accompagnés des intrants, {b} des bedeaux et des officiers, avaient coutume d’aller tous les ans, le jour de Pâques ou le lendemain, entendre la messe à S. Germain et de là, se transportaient dans le Pré, comme seigneurs d’icelui, de peur que, dans la suite des temps, les moines ne vinssent à s’en emparer.
[…] le recteur et les procureurs des nations ont toujours continué de faire paraître leur possession et propriété, tant à l’égard des moines qu’à l’égard des facultés susdites, dont les doyens n’ont jamais assisté à cette cérémonie ni prétendu devoir assister.
Parlons maintenant de l’usage du Pré-aux-Clercs. Il est certain que depuis que l’Université en est maîtresse, il n’a servi que d’un lieu de promenade et de divertissement pour les maîtres et écoliers. Les fréquentes disputes et contestations qui sont arrivées entre les moines et l’Université ne sont provenues que de ce que les écoliers, qui y allaient jouer, ne pouvaient s’empêcher de tourmenter les moines et leurs gens : d’où il arrivait bien souvent que les uns ou les autres y demeuraient sur place. L’histoire en fait foi.
Reste à parler du changement qui est arrivé en cet usage et au revenu de l’Université. […]
Quant au Pré, qui était divisé en grand et petit, {c} nous n’y voyons aucun changement que vers les années 1539 et 1540, que l’Université prit la résolution de vendre le petit Pré et d’y faire bâtir, afin de la garantir de la décharge des ordures et immondices que l’on y apportait nuitamment de la ville. […]
Or, le petit Pré étant par ce moyen déchargé d’immondices, le grand, quoique plus éloigné de la ville, n’en fut pas exempt ; ce qui donna occasion à quelques-uns de l’Université de proposer d’en faire comme du petit Pré. Et en l’assemblée du 28 avril 1548, M. Arnoul Monart, procureur fiscal, {d} représenta qu’il serait plus à propos de louer ce Pré que de le laisser servir de décharges aux immondices de la ville, mais il ne fut rien résolu. […]
Enfin, dans le siècle où nous sommes, l’on a commencé tout de bon à vendre ledit Pré par parcelles. L’on transigea avec la reine Marguerite en 1606, {e} mais parce que les députés ordinaires avaient fait le contrat sans en avoir donné avis à l’Université, et que d’ailleurs il y avait lésion manifeste, l’Université obtint des lettres de rescision ; {f} et sur la contestation qu’elle eut avec les héritiers ou ayants cause, la Cour, par son arrêt du 23 décembre 1622, restitua ladite Université et assura sa possession. […]
Le 27 juillet ensuivant, il fut résolu que l’on vendrait certaines portions et arpents dudit Pré, qui étaient inutiles, aux meilleures conditions que l’on pourrait. Et comme le revenu commença de croître, l’appétit vint à la Faculté de médecine, qui fit demande que l’on partageât ce qui restait du Pré en quatre parts et portions pour chacune des facultés, mais personne ne fut de ce sentiment. […]
Dans la suite, nous voyons que lesdites nations ont consenti, pour le bien de la paix et pour la conservation de l’Université, que le revenu qui proviendrait de la vente dudit Pré, serait appliqué pour les affaires publiques. En effet, depuis l’arrêt rendu au Grand Conseil, le 27 juin 1645, contre l’abbé et couvent de Saint-Germain-des-Prés, M. François Du Monstier {g} étant recteur, en conséquence duquel le revenu s’est de beaucoup augmenté, lesdites nations ont consenti qu’eu égard au peu de gages qu’avaient les professeurs de droit canon et de médecine, il serait pris sur ledit revenu la somme de 1 600 livres pour donner à chacun d’eux 200 livres par an, aux conditions portées par les conclusions des mois de juillet et août 1651, qui sont : 1.Ut si cui dictarum Facultatum de Cathedra posthac provideretur, aut iam provisum esset pecunijs Regijs vel alterius, nihil ei ex ære Academiæ deinceps erogaretur. 2. Ut si res Academiæ tenuior fieret, eaque pecuniarum attributio esset Academiæ gravis, nihil tum erogaretur dictis Facultatibus. 3. Ut nulli dictarum Facultatum Professori pecuniæ præfatæ persolvantur, nisi prius exhibita ab Ampl. D. Rectore Schedula qua constet Professorem docendi munere rite defunctum esse. » {h}
- V. note [8], lettre 679, pour un bref historique de la Faculté des arts (ou Collège des Quatre-Nations) et de l’Université de Paris.
- V. première notule {a}, note [3], lettre 595.
- Le petit Pré était sa partie orientale, comprise entre Saint-Germain-des-Prés et la Seine (aujourd’hui dans le vie arrondissement de Paris). Le grand Pré était celle qui subsistait en 1650, à l’ouest de la rue des Saints-Pères (aujourd’hui dans le viie).
- V. note [27] des Décrets et assemblées de la Faculté en 1650-1651.
- Marguerite de Valois, la reine Margot, première épouse de Henri iv, dont le mariage avait été annulé par le pape en 1599 (v. note [4], lettre latine 456).
- Annulation pour cause de lésion.
- V. note [25], lettre 207.
- « 1. Nul argent de l’Université ne sera versé pour une chaire desdites facultés à partir du moment où elle est ou a été déjà rétribuée sur des deniers royaux ou d’autre provenance. 2. Si les ressources de l’Université s’amenuisent et si le paiement de ces subsides obère l’Université, elle ne versera rien auxdites facultés. 3. Nul argent ne sera versé à un professeur desdites facultés si M. le recteur n’a d’abord présenté un certificat écrit attestant que ledit professeur remplit soigneusement sa charge d’enseignement. »
Les Décrets et assemblées de la Faculté de médecine en 1650-1651 et en 1651-1652, en date des 11 et 14 août 1651, et des 23 octobre et 2 novembre 1652, ainsi que la note [58] infra, ont amplement fait état cette allocation de 800 livres tournois pour ses quatre professeurs, avec les discussions sur les conditions de leur attribution.