Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 2

Note [49]

Gabriel Naudé, dissertant sur les contrées dont le peuple parle plusieurs langues, dans son Addition à l’histoire de Louis xi. Contenant plusieurs recherches curieuses sur diverses matières (Paris, 1630, v. note [17], lettre 238), a cité Fancesco Filelfo en exemple (pages 182‑183) :

« C’est pourquoi François Philelphe, qui entreprit quelque temps après le même voyage de Constantinople {a} (où il demeura neuf ans, et y épousa la fille d’Emmanuel Chrysoloras), {b} se vante glorieusement qu’il était le premier, non seulement de son temps, mais de toute l’Antiquité qui pouvait in omni dicendi genere, et versu pariter, et soluta oratione, tum Latine, tum etim Græce, omnia quæ vellet quam facillime et scribere et loqui. {c} Et pour cette raison, il y avait bien de l’apparence que ce rétablissement ne se fût guère avancé si, Constantinople venant à être prise et sacmentée {d} par Mahomet ii en 1453, {e} nous n’eussions pu dire encore une fois :

Græcia capta ferum victorem cepit et artes
Intulit agresti Latio
. » {f}


  1. Voyage qu’avait fait avant lui Giovanni Malpaghini (dit Jean de Ravenne, vers 1346-vers 1417), élève de Pétrarque.

  2. Emmanuel (ou Manuel) Chrysoloras (Constantinople vers 1355-Constance 1415), humaniste byzantin, a assuré de nombreuses missions diplomatiques en Occident pour le compte de l’empereur Manuel ii Paléologue, et contribué à divulguer la culture grecque en Italie et à y enseigner cette langue. Filelfo était trop jeune pour avoir bénéficié de ses leçons : il est arrivé à Constantinople en 1420 ; les biographes le désignent comme disciple du neveu d’Emmanuel, Jean Chrysoloras (Constantinople 1360-ibid. 1422), lui aussi savant diplomate impérial.

  3. « en toute manière de s’exprimer, vers comme prose, latin comme grec, écrire et parler de tout ce qu’on voulait, avec extrême facilité. »

  4. Saccagée.

  5. V. note [3], lettre 929, pour la prise de Constantinople par les Ottomans.

    Filelfo avait été l’un des derniers Italiens à séjourner longuement à Constantinople avant sa chute. Elle provoqua un exode massif des érudits byzantins et de leurs trésors vers l’ouest de l’Europe. Par ce « rétablissement » (la Renaissance), elle gagna considérablement en savoir littéraire et scientifique, surtout grec mais aussi latin.

  6. « La Grèce soumise soumit son vainqueur farouche et porta les arts au Latium inculte » (Horace, Épîtres, livre ii, épître 1, vers 156‑157).

Cet article du Naudæana mentionne cinq éminents personnages politiques du xve s. :


Additions et remarques du P. de Vitry
(1702-1703, v. note [12] des Préfaces), page 192 :

« Philelphe épousa la fille d’Emmanuel Chrysoloras. La principale raison qui l’engagea à ce mariage fut l’espérance qu’il eut de pouvoir apprendre insensiblement de sa femme la douceur et la finesse de la langue grecque, et de sa prononciation, ce qui lui réussit. Il en eut un fils, Marius, qui faisait bien des vers. On dit que Philelphe mourut en 1481. »


  1. Giovanni Maria (Gianmario) Filelfo (Pera, Beyoğlu sur la rive orientale du Bosphore 1426-Mantoue 1480) a eu une carrière d’écrivain latin et de diplomate italien. Il a beaucoup écrit, mais son seul ouvrage imprimé a longtemps été les M. Philelphi Epistolæ octoginta epistolarum genera complectentes, acriori lima nuper levigatæ : omni reiecta aspredine quarum singula genera in tria membra partita sunt. Quibus preponuntur eiusdem nonnulla artis Rhetorices precepta epistolari arti non parum utilitatis afferentia [Épîtres de M. Philelphus, qui embrassent 80 catégories de lettres (en prose), qu’il a adoucies avec une lime très affûtée pour en ôter toute aspérité. Chacune des catégories est divisée en trois styles (familiaris, familiarissimus, gravis [familier, très familier, sérieux]). Elles sont précédées de quelques préceptes rhétoriques sur l’art épistolaire qui l’enrichissent notablement] (Paris, Dionysius Rocius, 1511, in‑4o).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 2, note 49.

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(Consulté le 11/12/2024)

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