Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Grotiana 1

Note [27]

« Petrus Denaisius, assesseur de la Chambre impériale, qui siège à Spire, a aussi publié une Dissertatio de Idolo Hallensis contre Juste Lipse. »

Note de l’éditeur du Grotiana :

« Hujus vitam vid. inter J. consultos Melchioris Adami, {a} pag. 444. Sa Dissertation est imprimée in‑4o et in‑12. » {b}


  1. « Voyez sa vie dans les Jurisconsultes de Melchior Adam ».

    Vitæ Germanorum Jureconsultorum et Politicorum : qui superiori seculo, et quod excurrit, floruerunt : concinnatæ a Melchiore Adamo. Cum indice triplici : personarum gemino, tertio rerum.

    [Vies des jurisconsultes et politiques allemands qui ont brillé au cours du présent siècle et du précédent. Réunies par Melchior Adam. {i} Avec trois index : deux pour les noms et un pour les matières]. {ii}

    La vie de Petrus Denaisius {iii} occupe les pages 444‑447 :

    Rabulas forenses odio persecutus est : appellans eos formularios et aucupes syllabarum subtiliter cæcutientes : qui veræ Jurisprudentiæ fundamenta ne per transennam quidem viderint, nedum causis suis, quarum patrocinium suscepissent, accommodare sciant, cum summo suorum clientum detrimento, ne dicam exitio. Imo auditus est dicere : se vix tres quatuorve vidisse advocatos, qui supra rabularum noment fuerint : qui statum controversiarum suarum probe intellexerint : et ex fundamentis iuris clientum suorum causas agere norint. […]

    Paulo ante obitum, omnia scripta e pulpitis ac sciniis afferti jussit : inter quæ acta, epistolæ, relationes, consilia et observationes, ut erat vir diligens in annotando ; quæ multi magno precio redemissent. Omnia ista ipse perquisivit : et quæ iudicabat vel aliis obfutura vel silentio sancto obruenda : ut arcana Cameræ, et secreta litigantium, ab aliis separavit : inque ignem pone excitatum coniecit : ut fidei et conscientiæ suæ satisfaceret.

    Scripta ab eo juridica edita sunt hæc : Ius Camerale, omnium manibus tritum, tractatus aliquot de iure meri imperii, sive de iurisdictione Cameræ Spirensis. Scripsit et Theologica nonnulla ; ut libellum vernaculum, cui titulum fecit Jesuiten Latein : item dissertationem de Idolo Hallensi contra Lipsium. Præter istos multa dicitur tum Politica tum alia scripsisse et edidisse : sed sine nominis sui appostione.

    [Il a poursuivi de sa haine les avocats braillards, qu’il appelait débiteurs de formules et éplucheurs de syllabes, dont la ruse consiste à embrouiller la vue : ils ne regardent les véritables fondements de la jurisprudence qu’au travers d’un grillage {iv} et, de plus, ne savent les appliquer aux causes qu’ils entreprennent de plaider, au profond détriment de leurs clients, pour ne pas dire au risque de les ruiner. On l’a même entendu dire n’avoir vu qu’à peine trois ou quatre avocats dont la réputation a dépassé celle de braillards, qui ont parfaitement entendu l’enjeu de leurs affaires et su plaider pour leurs clients conformément aux fondements du droit. (…)

    Peu avant sa mort, il décida de retirer tous ses écrits de ses armoires et de sa bibliothèque : actes, lettres, relations, consultations et observations, car c’était un homme fort appliqué à prendre des notes, qui se seraient vendus au prix fort. Il tria le tout avec soin, mettant à part ce qu’il jugeait soit pouvoir nuire à d’autres que lui, soit devoir être solennellement tu, comme étant les arcanes de la Chambre ou les secrets des plaidants ; puis il jeta ces papiers dans un feu qu’il avait allumé derrière chez lui, de façon à être en paix avec la confiance dont on l’avait honoré et avec sa conscience.

    Voici les ouvrages juridiques qu’il a publiés : Ius Camerale {v} que les mains de tous ont usé, quelques traités, de iure meri imperii, sive de iurisdictione Cameræ Spirensis. {vi} Il a aussi écrit quelques ouvrages de théologie, comme son petit livre en allemand, qu’il a intitulé Jesuiten Latein, {vii} ou sa Dissertatio de Idolo Hallensi contre Lipse. {viii} On dit qu’il a en outre écrit et publié quantité d’ouvrages, tant sur la politique que sur d’autres sujets, mais sans y mettre son nom].

    1. V. note [2], lettre de Charles Spon, le 15 janvier 1658.

    2. Heidelberg, Jonas Rosa, 1620, in‑8o de 488 pages.

    3. Petrus Denaisius (probablement dénommé Pierre Denais en français) naquit à Strasbourg le 1er mai 1560 dans une famille qui avait dû quitter la Lorraine en raison des conflits de religion. Docteur en droit de l’Université de Bâle, Denaisius fut nommé conseiller de l’électeur palatin en 1583, et assura plusieurs missions diplomatiques en Europe. En 1590, il devint assesseur (juge) de la Chambre impériale de Spire (v. note [4] du Naudæana 3) et conserva cette charge jusqu’à sa mort, survenue à Heidelberg, le 20 septembre 1610. Outre l’allemand, il entendait et parlait fort bien le français, l’italien, l’anglais et, bien sûr, le latin.

    4. V. note [3], lettre latine 350.

    5. Ius Camerale. Ex Ordinatione Cameræ, Imperii, et factis ad eam constutitionibus, decretis, senatusque Consultis ordine et compendio collectum… [Droit de la Chambre. Tiré des lois de la Chambre, de l’Empire, et des factums qui lui ont été adressés, de ses ordonnances, décrets et arrêts. Rassemblé et classé (par ordre alphabétique) en forme d’abrégé…] (Strasbourg, Theodosius Rihelius, 1600, in‑4o).

    6. « sur le droit de mère empire [droit d’État, prévalant sur le droit seigneurial] ou juridiction de la Chambre de Spire » : Disputatio de Iure meri Imperii in eos qui Spiræ constituti, Iudicii Cameralis corpore, vel albo continentur [Disputation sur le mère empire contre ceux qui ont été établis à Spire, par le le corps de la Chambre de justice, ou qui sont contenus dans son registre] (Heidelberg, Vögel, 1601, in‑4o).

    7. Der Jesuiten Latein. Das ist : Außbund etlicher unchristlicher Lehren der Jesuiten und anderer Bäpstler auß derselben Büchern gezogen… [Le Latin des jésuites : Recueil des nombreuses doctrines non chrétiennes des jésuites et autres papistes, tirées de leurs livres…] (Wittemberg, Martin Henchel, 1608, in‑4o).

    8. V. infra notule {b}.

  2. L’anonyme Dissertatio de Idolo Hallensi, Iusti Lipsii mangonio et phaleris exornato atque producto [Dissertation sur l’idole de Hal (v. supra note [24]), inventée et enjolivée par le maquignonnage et le clinquant de Juste Lipse] (sans lieu ni nom, 1605, in‑12 de 124 pages, et in‑4o de 88 pages) a la forme d’un dialogue entre Christianus [le Chrétien] et Papista [le Papiste].

    V. notule {c}, note [30] infra, pour l’avis de Joseph Scaliger sur cet ouvrage qu’il attribuait à son ami Georg Michael Lingelsheim.



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Grotiana 1, note 27.

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(Consulté le 19/04/2024)

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