Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 2 manuscrit

Note [25]

Une caput sine literis est une « tête sans lettres » et se réfère au teston, comme l’explique le Dictionnaire de Trévoux :

« Ancienne monnaie de France qui a eu différents prix. On a commencé à les fabriquer sous Louis xii en 1513, et alors ils étaient du poids de 7 deniers, 12 grains et demi. {a} Capitatus nummus : {b} on les appelait testons à cause de la tête du roi, qui y était représentée. […] On appelle teston rogné, un ignorant : pour dire, qu’il n’a point de lettres, comme un teston dont on a rogné la légende. » {c}


  1. D’argent.

  2. « Pièce de monnaie capitée » (portant l’effigie d’un personnage).

  3. Par exemple, le douzième d’écu (soit 5 sols) frappé en 1642 représentait :

    • à l’avers, le profil du roi ceint d’une couronne de laurier, entouré de cette légende latine, « ludovicus xiii d. g. fr et navar rex » [Louis xiii, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre] ;

    • au revers, le blason royal (trois fleurs de lys couronnées) et « sit nomen domini benedictum . 1642 » [Béni soit le nom du Seigneur . 1642].

    V. aussi le mot teston dans notre glossaire pour sa définition abrégée par Furetière.


Celui que Nicolas de Netz, évêque d’Orléans de 1630 à 1646 (v. note [7], lettre 17), traitait de teston rogné était loin d’être un illettré : l’abbé Jean Mulot (v. note [13], lettre 333), docteur et doyen de Sorbonne, ancien précepteur et confesseur du cardinal de Richelieu, était un personnage fantasque et célèbre pour ses audaces spirituelles ; l’avant-dernier paragraphe de la lettre à Charles Spon, le 13 avril 1657, relate les propos de ce curieux prêtre sur le purgatoire. Comme toute la cour, le maréchal François de Bassompierre (v. note [10], lettre 85) tenait Mulot pour le fou du cardinal, c’est-à-dire son bouffon, « les princes ont des fous auprès d’eux pour les divertir, des gens qui font semblant d’être fous, pour dire toutes sortes de plaisanteries en liberté » (Furetière).

Louis Monmerqué et Alexis Paulin Paris ont repris cet article du Borboniana dans leur commentaire sur l’historiette que Tallemant des Réaux a consacrée à Mulot (Paris J. Techener, 1854, in‑8o, troisième édition, tome deuxième, note xlvii, page 100), avec cette intéressante précision sur leur source :

« Mémoires mss. {a} de Hugues ii de Salins, médecin, {b} communiqués par M. Feuillet de Conches. » {c}


  1. Manuscrits.

  2. Le correspondant de Guy Patin qui a transcrit le Borboniana manuscrit : v. note [15] de l’Introduction aux ana de Guy Patin.

  3. Félix-Sébastien Feuillet de Conches (1798-1887), diplomate français et insatiable collectionneur d’antiquités et d’archives, a non seulement lu, mais probablement acquis et conservé le Ms Bnf Fr 9730 dont nous publions la première édition intégrale.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 2 manuscrit, note 25.

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(Consulté le 19/04/2024)

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