Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 6 manuscrit

Note [25]

« il s’agit d’une insomnie, c’est-à-dire de veilles permanentes […]. La maladie mélancolique diffère peu de cette affection. » Dans cette phrase, tout de suite a son acception primitive : « sans discontinuer » (et non pas « immédiatement »).

V. notes :

Le Dictionnaire de Trévoux a longuement décrit l’insomnie, en expliquant ses liens avec la mélancolie :

« Indisposition qui consiste à ne pouvoir dormir, l’insomnie est causée par le mouvement continuel et excessif des esprits animaux dans les organes internes et externes du corps, qui fait que les esprits reçoivent promptement les impressions des objets sensibles et que, suivant l’espèce du mouvement reçu dans l’organe, ils le continuent dans le cerveau, et fournissent à l’âme différentes occasions de penser. Ce flux excessif et continuel des esprits a deux causes.

Enfin, l’insomnie est un symptôme fort ordinaire aux vieillards, les pores du cerveau {c} ayant été ouverts ou trop élargis par le passage continuel des esprits depuis un fort grand nombre d’années qu’ils y passent et repassent trop facilement. Cela est cause que, quoique ces esprits soient d’ailleurs tranquilles, ils ne laissent pas de tenir les vieillards éveillés par leur mouvement perpétuel.

Les insomnies sont plus dangereuses dans l’âge de consistance {d} et aux femmes qu’elles ne le sont dans la jeunesse et aux hommes. On en a vu de quarante-cinq nuits de suite, et on parle de l’insomnie d’un mélancolique qui fut quatorze mois sans dormir. Ces sortes de veilles dégénèrent souvent en démence.

Dans les enfants les insomnies sont d’ordinaire la suite de quelque autre maladie. Elles surviennent à l’éruption difficile des dents, aux vers, ou aux tranchées, {a} ou succèdent aux crudités de l’estomac qui rendent la nuit inquiète, et qui interrompent le sommeil. »


  1. V. note [2], lettre 267.

  2. Soucis.

  3. Orifices ou petits canaux imaginaires qui étaient censés mettre le cerveau en communication avec le reste du corps, et permettre l’entrée et la sortie des « esprits » (influx nerveux).

  4. La maturité : de la puberté au début de la vieillesse (vers cinquante ans au xviie s.).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 6 manuscrit, note 25.

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(Consulté le 25/04/2024)

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