Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Triades du Borboniana manuscrit

Note [15]

Triades 21‑25.

  1. « Il y a trois très grands fleuves en Afrique, le Nil, le Niger et le Sénégal. » {a}

  2. « L’antique Babylone était si étendue que quand l’ennemi avait pris une partie de la ville, l’autre partie ne l’apprenait que trois jours après, comme Aristote le relate dans sa Politique : la taille de cette ville était donc telle qu’il fallait marcher trois jours pour la traverser. » {b}

  3. « L’Amérique est principalement composée de trois parties : la première est la Terre Australe ou Magellanique, qui est encore inconnue ; la seconde est l’Amérique péruvienne ou méridionale ; la troisième est l’Amérique septentrionale ou mexicaine. » {c}

  4. « Quelques Anciens ont dit que le delta du Nil possédait sept bras principaux, par lesquels il se déverse dans la Méditerranée ; je veux bien qu’il n’y en ait jadis eu qu’un seul, mais de fait, il n’en subsiste aujourd’hui que trois qui soient dignes de considération : Canopique, Bolbitique, Pélusiaque. Voyez les Admiranda Nili de Wendelinus, page 230. » {d}

  5. « Selon un dicton populaire chez les juifs, trois sortes d’hommes sont dispensés des peines à venir : {e} les démunis, car la pauvreté est un feu dévorant qui consume les scories et les souillures des péchés ; les hommes mal mariés, car il n’est possible à personne d’endurer plus dur supplice qu’une mauvaise épouse ; et les magistrats, car tout le monde les juge, etc. » {f}


    1. L’hydrographie de l’Afrique a progressé depuis le xviie s. : avec ses 6 700 kilomètres, le Nil demeure son plus long fleuve ; pour la deuxième place, le Congo (4 700 km) a détrôné le Niger (4 200 km) ; le fleuve Sénégal (alors Sénéga) n’en mesure que 1 800, devancé par le Zambèze (2 600 km).

    2. Aristote, Politique, livre iii, chapitre i, § 12 :

      « Mais à quoi reconnaîtra-t-on l’identité de la cité, quand le même lieu reste constamment occupé par les habitants ? Ce ne sont certainement pas les murailles qui constitueront cette unité : serait-il impossible en effet d’enclore d’un rempart continu le Péloponnèse entier ? On a vu des cités avoir des dimensions aussi vastes, et circonscrire plutôt une nation qu’une ville, comme en témoigne Babylone : elle était prise par l’ennemi depuis trois jours, qu’un de ses quartiers l’ignorait encore. »

    3. Ces trois parties de l’Amérique dont on parlait alors le plus étaient : pour les navigateurs, la Terre de Feu, dite Magellanique, car Fernand de Magellan en avait découvert les côtes et le détroit dès 1520 ; {i} et pour les colons espagnols, le Pérou {ii} et le Mexique. {ii} Le peu qu’on savait alors de l’Amérique septentrionale {iv} ne méritait pas mention.

      1. V. note [57] du Patiniana I‑2.

      2. V. note [1], lettre 478.

      3. Nouvelle-Espagne, v. note [5] de l’Observation vii de Guy Patin et Charles Guillemeau.

      4. Limitée à quelques petites colonies sur la côte atlantique, en omettant l’île de Terre-Neuve, connue et fréquentée par les Européens depuis le temps des Vikings (v. notule {c}, note [27] du Grotiana 2).

    4. Marci Friderici Wendelini Archi-Palatini, Admiranda Nili Commentatione philologica, geographica, historica, et hieroglyphica, ex cccxviii Authoribus, Græcis et Latinis vetustis et recentibus illustrata…

      [Les Merveilles du Nil illustrées par un commentaire philologique, géographique, historique et hiéroglyphique, que Markus Friedrich Wendelin, {i} natif du Palatinat de Bavière, a tiré de 318 auteurs grecs et latins, anciens et modernes…]. {ii}

      Dans cette édition, la « page 230 » correspond au § 15 du chapitre xxv (pages 219‑220) :

      Putant Veterum nonnulli totam olim Ægyptum fuisse paludem, seu aquis obrutam, tandem vero paulatim exsiccatis aquis, et in alveos defluentibus emersisse, vel potius ex limo, quem Nilus vehit, accumulato et exaggerato natam : qua nomine Ægyptus Nilidorum appellata […] ne decem quidem mundi ætates ad spacium istud humo explendum sufficere. Est tamen et alia hujus appellationis ratio : quicquid enim in Ægypti terra fœcundum est, a Nilo aliunde advehitur ; siquidem propria Ægypti terra nitrosa esse perhibetur et tota sterilis. Hinc est quod extra Nilium in Ægypto fontes ad potum idonei fere nulli sunt, et Nili aqua longius advecta incolis vendatur.

      Hac nostra tempestate e septem principalibus Nili ostiis tria tantum aiunt esse reliqua memoratu digna, Canopicum, Bolbiticum, Pelusiacum.

      [Quelques Anciens pensent que toute l’Égypte a jadis été un marais, ou qu’elle a été recouverte par les eaux, et qu’ensuite, ces eaux s’étant peu à peu asséchées et écoulées dans des petits canaux, elle a émergé ; ou alors qu’elle est née de l’accumulation et de la concrétion du limon charrié par le Nil : de là lui est venu le nom d’« Égypte fille du Nil », {iii} (…) bien que dix âges du monde {iv} n’aient sûrement pas suffi à couvrir sa surface entière d’humus. Cette appellation a néanmoins une autre explication : tout ce qui fait la fécondité de la terre d’Égypte lui est venu d’ailleurs, apporté par le Nil, puisque, dit-on, son sol primitif est nitreux et totalement stérile. De là vient que l’eau qui coule des sources d’Égypte n’est pas potable ; seule celle du Nil l’est, et on la transporte de fort loin pour la vendre aux habitants.

      On dit que des sept principaux bras du Nil, il n’en subsiste aujourd’hui que trois qui soient dignes de considération : Canopique, Bolbitique, Pélusiaque]. {v}

      1. V. note [21], lettre 301.

      2. Francfort, Daniel et David Aubrius, et Clemens Schleichius, 1623, in‑8o de 255 pages.

      3. Mot apparemment inventé par Wendelin, Nilidus n’est pas passé dans le néolatin courant. En me fiant au contexte et au suffixe idus, je l’ai compris comme une adaptation de Νειλογενης, Neilogénês, « enfanté par le Nil ».

      4. Siècles ou plutôt millénaires.

      5. La géographie moderne assigne toujours sept bras au delta du Nil. Les trois que citait Wendelin sont d’ouest en est : le Canopique, à Canope, ville disparue, voisine de l’actuelle Aboukir ; la Bolbitine, près de Rosette (Rachid en arabe) ; la Pélusiaque, à Péluse (Tell el-Farama).
    5. Dans l’au-delà.

    6. Avec Internet, il est devenu quasiment impossible d’emprunter une citation en cachette. L’« etc. » du Borboniana avouait à demi son véniel larcin, car la triade 25 est la transcription mot pour mot des neuf premières lignes (page 17) de la :

      Defensio Pietatis et Synceritatis optimatum Sylvæ-Ducensium, in negotio Sodalitatis quæ a B. Virgine nomen habet, testibus Veritate et Charitate ; per Samuelem Maresium, S. Theol. D. et Profess. in Schola Sylvæd. et Eccl. Gallo-Belg. Pastorem.

      [Défense de la Piété et Sincérité des seigneurs de Bolduc dans l’affaire de la Société dite de la Sainte-Vierge, en témoignage de la Vérité et Charité ; par Samuel Desmarets, {i} docteur et professeur de théologie sacrée en l’École de Bolduc, et pasteur de l’Église franco-flamande]. {ii}

      1. V. note [14], lettre 76.

      2. Bolduc, Johannes a Doccus, 1643, in‑12 de 129 pages : ouvrage écrit pour répondre aux accusations d’idolâtrie proférées par le fulminant théologien ultacalviniste d’Utrecht, Gisbertus Voetius (v. note [8], lettre 534).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Triades du Borboniana manuscrit, note 15.

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(Consulté le 25/04/2024)

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