De Jan van Beverwijk, le 30 juillet 1640

Note [21]

Jan van Beverwijk revenait sur le cas de Jacques Miron, que Guy Patin lui avait exposé dans sa lettre du 19 juillet 1640 (v. sa note [29]), en mentionnant un passage de son Liber de Calculo renum et vesicæ… (Leyde, 1638, v. note [11], lettre 72) concernant l’altération de la vigilance dans l’anurie (pages 119‑120) :

Quidam apud Duretum comatodes factus a resolutione non ab obstructione, refluxu scilicet urinæ in cerebrum ; nephreticus primum fuit : substitit urina non ab obstructione ductuum, sed effœta vi meningum, et secernendi vim renes amiserunt, qua labefactata substitit urina : oleo nardino naribus, auribus, spinali medullæ, renibus admoto, urinam effudit copiosam ad pintas tres, nec per amotionem causæ, quæ primigenium morbum fecerat, coma hoc, quod successione venerat, sublatum est, ob venenatam qualitatem, ut diximus, ab urina jam cerebro impressam.

[Dans Duret, un malade est devenu comateux non par une obstruction, mais par une paralysie, à savoir par un reflux de l’urine dans le cerveau. Le malade a d’abord eu des douleurs néphrétiques ; cependant, l’urine ne s’est pas arrêtée par l’obstruction des conduits, mais par l’épuisement de la force des méninges, à bien distinguer de la force que les reins ont perdue, dont la défaillance a interrompu la production de l’urine. {a} L’application d’huile de nard {b} aux narines, aux oreilles, à l’épine dorsale et aux lombes a provoqué l’émission d’une grande quantité d’urine, jusqu’à trois pintes ; {c} mais la suppression de la cause première de la maladie n’a pas mis fin à ce coma, qui s’était installé secondairement, parce que, comme nous avons dit, l’urine avait déjà imprégné le cerveau de sa qualité vénéneuse]. {d}


  1. Le propos de Beverwiijk est aisé à traduire, mais plus ardu à bien interpréter : il semblait vouloir dire que, quand elle est liée à une défaillance propre des reins, l’anurie peut survenir tandis que les voies urinaires sont libres (ce qui est exact, en cas de néphrite), et qu’alors, elle peut se révéler par un coma (mal de Bright, v. infra note [30]) ; mais le malade étudié avait d’abord eu des coliques néphrétiques… Je ne suis pas parvenu à trouver le passage de Louis Duret auquel se référait ce commentaire.

  2. Le nard (v. note [8] de l’observation vii) avait la propriété de « provoquer l’urine » (Thomas Corneille).

  3. 2,8 litres.

  4. La persistance du coma après reprise de la diurèse pouvait indiquer des lésions irréversibles du cerveau, mais toute mon interprétation est hautement conjecturale.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De Jan van Beverwijk, le 30 juillet 1640, note 21.

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(Consulté le 19/04/2024)

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