De Caspar Hofmann, printemps 1646

Note [9]

On en était à déchiffrer le manuscrit des « Médicaments officinaux » ou à en relire les premières épreuves. Les remarques de Caspar Hofmann me font ici déroger à la convention de ne pas accentuer le grec dans notre édition.

L’attique est le beau grec qu’on parlait à Athènes. Kathairô signifie « je purge » et apo tou airô, « dérivé de “ j’emporte ” » ; en réponse à une interrogation de Guy Patin, Caspar Hofmann ergotait ici sur l’esprit (accent, signe diacritique) qui y convient au iota, doux seul, ἰ, ou doux aigu, ἴ. Il a développé ses finesses sur l’étymologie du mot cathartique (purgatif) au tout début du livre i des « Médicaments officinaux » (chapitre i, De Purgantibus [Des Purgatifs], pages 1‑2) :

Το καθαἰρειν, purgare, unde φαρμακον καθαρτικον, quatuor significat. Nam improprie et latissime accepto vocabulo, significat omne id, quod quomodocumque, et per quascumque corporis vias, educit quæcumque corporis excrementa, quomodo et diuretica, et errhina, etc. Purgant. Pressius, sed tamen adhuc improprie, dicitur id, quod vel sursum vel deorsum, hoc est, vel per vomitum, vel per sedem vacuat. Pressius iterum, quod vel leniendo, vel abstergendo, vel emolliendo, vel denique elective, ut loquimur, hunc, illumve humorem ducit. Pressissime et proprie, quod elective tantum, vel pituitam, vel bilem alterutram. Hinc quædam illorum φλεγμαγωγα dicuntur, quædam χολαγωγα, quædam μελαναγωγα.

[Το καθαἰρειν, {a} purger, d’où nous viennent les médicaments cathartiques, possède quatre acceptions. De manière impropre mais très largement admise, ce mot désigne tout ce qui, d’une manière ou d’une autre et par quelque orifice du corps que ce soit, favorise la sortie d’un excrément organique, à la façon dont les diurétiques, les errhines, {b} etc. purgent. Plus précisément, mais pourtant toujours improprement, on le dit de ce qui évacue par haut et par bas, c’est-à-dire par le vomissement ou par la défécation ; plus précisément encore, de ce qui draine telle ou telle humeur, en l’adoucissant, en la dissipant, en la ramollissant, ou en lui appliquant enfin quelque autre expression choisie ; encore plus précisément et proprement, de ce qui purge seulement et spécifiquement soit la pituite, soit la bile, et on parle alors de flegmagogues, de cholagogues et de mélanagogues]. {c}


  1. Les imprimeurs (Paris, 1647, et Francfort, 1667) n’ont pas donné suite à la requête de Caspar Hofmann sur l’esprit doux aigu à mettre sur le premier iota du mot kathairein ; mais en piètre helléniste qu’il était, Guy Patin n’avait peut-être pas bien entendu et transmis sa remarque.

  2. Errhines : « remèdes qu’on prend par le nez pour purger les humidités du cerveau » (Furetière).

  3. Applications aujourd’hui désuètes du suffixe « agogue » (du grec agein, pousser au-dehors) au flegme ou pituite, à la bile (kholê), ou à l’atrabile (bile noire ou mélancolie). Pour désengorger la quatrième humeur, le sang (v. note [36], lettre latine 98), on recourait non pas aux médicaments, mais à la saignée (phlébotomie).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De Caspar Hofmann, printemps 1646, note 9.

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(Consulté le 18/04/2024)

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