De Christiaen Utenbogard, le 21 août 1656

Note [25]

Le Martini Schoockii Ultrajectini Liber des bonis vulgo Ecclesiasticis dictis ; item de Canonicis : atque speciatim de Canonicis Ultrajectinis ; Horumque occasione, de Officio ministrorum Ecclesiæ erga Magistratus. Amplius Partim Sect. i. partim Sect. iii. breviter proponitur successio Ecclesiæ in Belgio, simulque specimen majoris operis, quod prolixe exhibebit Historiam Reformationis Ecclesiasticæ per provincias Blegicas…,

[Livre de Marten Schoock, natif d’Utrecht, sur les biens qu’on appelle vulgairement ecclésiastiques, ainsi que sur les chanoines, et spécialement ceux d’Utrecht et à cette occasion sur les devoirs des ministres de l’Église envers les magistrats. Dans les sections i et iii est en outre brièvement proposée la transformation de l’Église, en même temps que l’exemple d’une grande entreprise qui montrera en détail l’histoire de la Réforme ecclésiastique dans les Provinces-Unies…], {a}

avait été suivi de l’anonyme apologie de Schoock intitulée Dissertatio Politico-Historica de Bonis, vulgo Ecclesiasticis dictis in genere : sive Apologia pro Persona Martini Schoockii, ejusque libro ejusdem argumenti, opposita nupero libello cujusdam tenebrionis, qui, dum latitare vult sub literis S.C. prodit se esse Scelestissimum Calumniatorem,

[Dissertation politico-historique sur les biens qu’on appelle vulgairement ecclésiastiques, ou Apologie de la personne de Marten Schoock et de son livre sur le même sujet ; opposée au récent petit livre d’un ami des ténèbres qui, voulant se cacher sous les initiales de S.C., {b} se montre être le plus scélérat des calomniateurs]. {c}


  1. Groningue, Johannes Nicolaus, 1650, in‑4o de 758 pages.

  2. L’introduction du livre (page 4) ne donne pas le titre de ce libelle, qui était signé « S .C. ». L’anonyme qui lui répondait (peut-être Schoock lui-même) traduisait ces initiales par Scelestum [scélérat], Scurrilem [bouffon] ou Sacerrrimum Calumniatorem [très sacré calomniateur], ou même par summum Copreum [grosse crotte (par hellénisme)].

    Elle accuse nommément Paulus Voet (1619-1667), fils de Gisbertus Voetius, d’en être l’auteur : philosophe, juriste et hélléniste, le jeune Votius avait été nommé professeur de droit à Utrecht en 1654 ; en 1656, il publiait la « Théologie naturelle réformée » (v. supra note [19]).

  3. Ibid. Johann Cöllen, 1651, in‑12 de 384 pages.

Les pages 371 (numérotée 471) et 372 du second titre contiennent la défense de Schoock que Christiaen Utenbogard signalait à Guy Patin :

Omnia perpeti Schoockius potest, qui in tolerandis injuriis a Voetio sibi illatis, animum Christianum hactenus prodidit : Hoc unum intolerandum, quod per Voetii filium bis insimuletur perjurii : quæ cum sit diabolica calumnia, Schoockium atque omnem ejus posteritatem infamans, rogat ipse per me Voetios, vadimonium non deserant, sed extra tribunalia Ultrajectina, itemque Groningo-Omandica (ne suspectari queant faventes judices) compromittant una secum in judicem extra partes hactenus consistentem, coram quo, post diligens examen si fons ipse deprehendatur, non renuit, quin capite luat, quod divinam Majestatem temeraverit : Atsi Voetii formula exciderint, contentus erit, à Carnifice publice, ignito ferro, tanquam tantæ calumniæ architectis, uniuscujusque lingua maledica transfodiatur.

[Schoock peut tout endurer, lui qui a jusqu’ici fait preuve de courage chrétien en supportant les injures que Voetius a proférées contre lui. La seule chose qu’il ne peut tolérer est que le fils de Voetius l’ait par deux fois faussement accusé de parjure. Puisque cette calomnie diabolique ternit sa réputation et celle de toute sa descendance, Schoock me charge de demander aux voétiens qu’ils ne lui fassent pas défaut en justice ; mais que, hors des tribunaux d’Utrecht et même de la Province de Groningue (pour qu’ils ne puissent être suspectés d’y obtenir la faveur des magistrats), ils s’entendent avec lui sur le choix d’un juge qui se soit jusqu’ici tenu à l’écart des parties. Devant lui, après enquête, on déterminera s’il s’avère qu’à l’origine de l’affaire, Schoock n’a pas consenti à être puni de mort s’il a outragé la Majesté divine ; mais si les voétiens perdent le procès, Schoock se contentera que le bourreau transperce publiquement, avec un fer rouge, la médisante langue de chacun d’eux, pour avoir été les inventeurs d’une si énorme calomnie].


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De Christiaen Utenbogard, le 21 août 1656, note 25.

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(Consulté le 19/04/2024)

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