De Thomas Bartholin, le 25 septembre 1662

Note [2]

Guillaume Fabrice de Hilden (v. note [7], lettre 62), Opera omnia [Œuvres complètes] (Francfort, 1646, v. note [12], lettre 516), livre v, De Lithotomia vesicæ [Extraction de la pierre vésicale], fin du chapitre xvii De quinto operandi modo, qui præfato quoque Petro Franco adscribitur [Cinquième manière d’opérer employée dans la lithotomie, qu’on attribue, comme la précédente, à Pierre Franco], page 733 :

Hac Methodo instituta operatione, dummodo (ut dictum) calculus ad inguen elevari poterit, in magnorum calculorum extractione, minus periculum quam per collum Vesicæ certum est. Quandoquidem ingens ac magnus calculus, ut per collum Vesicæ extrahatur, propter ejus angustiam longum requirit tempus ; Interim æger ingentibus affligitur doloribus, Vesica, ipsiusq. fibræ dilacerantur, sanguis copiose profluit, Vires dissolvuntur, maximoque cum cruciatu æger vel in ipsa operatione, aut paulo post extinguitur. Operatio vero in inguine, sine ulla fere dilaceratione Vesicæ perficitur, hæmorrhagia præterea non usque adeo verenda est. Vesicam præterea in suo fundo vulneratam consolidari quoque posse observatum est : suas enim fibras carnosas habet, quarum beneficio calor ejus innatus fovetur, et vulnera curantur, ut cap. 5 ostendi. Contra vero Vesicam circa collum insigniter dilaceratam, difficulter consolidari posse, inde manifestum fit, quod eo in loco ureteres ingrediuntur, vulnusque continuo humectant, et consolidationem impediunt, sequiturque perpetuum stillicidium Urinæ.

[Dans l’extraction des calculs volumineux, quand l’opération est pratiquée suivant cette méthode, pourvu (comme on a dit) qu’on ait pu faire remonter la pierre jusqu’à l’aine, le danger est certainement moindre qu’en la faisant sortir par le col de la vessie ; quand le calcul est très gros, l’extraire par le col, en raison de son étroitesse, requiert donc beaucoup de temps, durant lequel le malade endure d’immenses douleurs, la vessie et ses fibres se dilacèrent, le sang coule en abondance, les forces du patient se désunissent ; et il meurt avec très grande torture pendant l’opération même, ou peu après. Quand on opère en passant par l’aine, sans presque dilacérer la vessie, l’hémorragie n’est cependant pas autant à craindre. On observe en outre qu’une plaie du fond de la vessie peut aussi cicatriser, car elle possède ses propres fibres charnues qui accroissent sa chaleur innée {a} et permettent à ses plaies de se refermer, comme j’ai montré au chapitre v. {b} En revanche, quand elle a été notablement dilacérée près de son col, la vessie peut difficilement se réparer ; et ce pour l’évidente raison que c’est l’endroit où les uretères y pénètrent, et qu’ils empêchent la cicatrisation en humectant continuellement la plaie ; avec pour résultat une fuite perpétuelle d’urine goutte à goutte].


  1. V. première notule {a}, note [14], lettre 150.

  2. Chapitre v, Descriptio brevis Anatomica Vesicæ [Courte description anatomique de la vessie] (pages 714‑717).

    La base de la vessie est formée par le trigone en forme d’entonnoir, dont les trois sommets sont les entrées des deux uretères en arrière et la sortie de l’urètre (col vésical) en avant. Le dôme (ou fond) et les parois latérales du réservoir vésical possèdent une épaisse paroi musculeuse (détrusor).

    Deux abords étaient disponibles pour extraire la pierre par cystotomie (ouverture chirurgicale de la vessie, v. note [11], lettre 33) : une incision médiane basse du périnée (petit et grand appareils) ouvrait le col de la vessie ; tandis qu’une incision antérieure du pubis (haut appareil), soit médiane, soit latérale (juste au-dessus d’une des deux aines), abordait le réservoir vésical à bonne distance du trigone plus incommode (car plus profond, et richement vascularisé et innervé).

    Dans des deux cas, deux doigts d’une main de l’opérateur, introduits dans le rectum, et son autre main, appuyant sur l’abdomen, repoussaient préalablement la pierre vésicale vers l’endroit de l’incision. Le recours complémentaire à des instruments introduits dans la vessie (dessinés dans le livre de Fabrice de Hilden) distinguait le grand du petit appareil.

    La suture de la vessie à l’aide de fil, après son incision chirurgicale, n’avait alors pas encore été inventée : on abandonnait à la bonne nature le soin fort aléatoire de la cicatrisation (v. infra note [3]), mais avec un risque élevé de fuite urinaire consécutive (fistule vésicale).



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De Thomas Bartholin, le 25 septembre 1662, note 2.

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(Consulté le 29/03/2024)

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