L’autorité distingua de très bonne heure, à Rome et dans les villes les plus considérables de l’Empire romain, des médecins d’un mérite reconnu, auxquels on donnait le nom d’archiatres. Ils avaient la surveillance sur les autres médecins, ils jouissaient de certains privilèges et recevaient un traitement particulier. Le premier archiatre dont l’histoire fasse mention est Andromaque de Crète, dit l’Ancien, qui vivait du temps de Néron (37-68 apr. J.-C.) et qui inventa la thériaque. Longtemps on a disputé sur la question de savoir si ce titre signifiait médecin du prince ou chef des médecins, mais il semble qu’on peut en quelque sorte trancher la difficulté en admettant que le premier médecin d’une ville, αρχων των ιατρων [le chef des médecins], portait en même temps le nom du médecin du magistrat, ιατρως του αχρχουλος [médecin du chef].
Les principaux archiatres furent, depuis l’époque de Constantin, les archiatres palatins, archiatri palatini, que l’on rangeait toujours parmi les premiers officiers de la cour. Au ve s., chaque archiatre palatin obtint le rang de vicarius et de dux, de sorte cependant que l’ancienneté réglait seule l’ordre des rangs. Les archiatres se rapprochèrent ainsi des princes et vécurent souvent même dans une grande intimité avec les empereurs. Les médecins romains du second ordre s’appelaient les archiatres populaires, archiatri populares. Leur nombre était déterminé dans toutes les villes principales : dix dans les grandes villes, sept dans celles du second ordre et cinq dans les plus petites, au temps d’Antonin le Pieux. Lorsqu’il s’en établissait davantage, ils ne jouissaient pas des privilèges attachés à la place de médecin d’État. Les archiatres populaires de chaque ville formaient un collège. Ils étaient proposés par la municipalité au collège qui s’assurait de leurs capacités à exercer, puis les admettait dès qu’une place était vacante (Sprengel).
Dans la suite des temps, on a décoré du titre d’archiatre les médecins des souverains et il fut en usage dans les principales cours d’Europe. Les médecins qui y sont attachés prennent la qualité d’archiater, et les premiers médecins du prince se donnent celle de comte des archiatres, archiatrorum comes ou comes archiatrωn, en conservant le plus souvent l’oméga d’archiatrωn pour rappeler la noble ascendance antique du mot et de la fonction (κωμης αρχιατρων). Chomel croit que c’est Marc Miron, premier médecin de Henri iii, qui a commencé à se décorer de ce titre en France (Éloy).
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