L’étalon monétaire était la livre tournois (lt ou ℔, originellement de Tours ; aussi dénommée franc). Monnaie de compte, abstraite, la livre ne correspondait à aucune pièce de métal ; mais toutes celles qui circulaient, qu’elles fussent frappées en France ou à l’étranger, étaient cotées par rapport à la livre. Sa valeur en argent était fixée par édit royal. Cela permettait une dévaluation par simple diminution de sa valeur métallique (dite augmentation des espèces) et, par le procédé inverse, mais bien plus rarement, une réévaluation (dite renforcement de la livre). Jusqu’en 1641 (réforme des monnaies par Louis xiii), la livre a valu, à quelques oscillations près, 8,33 grammes d’argent à neuf dixièmes de fin, ou environ 0,6 gramme d’or ; elle n’a pas cessé de dévaluer dans la suite du xviie s., pour ne plus valoir que 4,702 grammes d’argent en 1700.
Étant donné les variations relatives du coût des biens, il est bien difficile de donner une équivalence exacte entre la livre du xviie s. et nos actuels euros. En partant du fait qu’une famille modeste pouvait vivre avec 25 livres par mois (Goubert) et en disant qu’il faudrait aujourd’hui pour cela 2 000 €, on pourrait se hasarder à donner 20 € comme l’équivalent approximatif d’une livre tournois.
Une livre tournois valait 20 sols (ou sous, s.), et un sol (soit l’équivalent possible d’un euro) douze deniers (d., 8,3  centimes d’euro). Un kilogramme de pain coûtait, les années de bonne récolte, un sol, mais le double ou le triple, les années de disette. Deux deniers faisaient un double, et trois deniers, un liard.
Le liard était l’une des petites monnaies, dites du billon. Il avait cours pour trois deniers ou le quart d’un sol. Il y avait en France deux sortes de liards, les uns de cuivre pur, les autres de billon (alliage de composition variable), ces derniers n’ayant cours que dans le Lyonnais et le Dauphiné. Il s’y ajoutait des pièces d’origine étrangère, sans garantie d’authenticité ou de bon aloi. Louis xiv, par déclaration du 1er juillet 1654, ordonna une fabrication de liards de cuivre, qui prirent le nom de liards de France, pour se distinguer des petits liards qui circulaient jusqu’alors. La déclaration portait qu’ils seraient fabriqués de cuivre pur et sans mélange de fer, à la taille de 64 pièces au marc (8 onces, environ 250 grammes). Le cours de ces liards fut fixé à trois deniers. Quatre ans après, il fut réduit à deux deniers par lettres patentes du 4 juillet 1658. Ces mesures prises contre l’inflation (et les faux-monnayeurs) étaient nécessairement très défavorables aux petites gens, ce qui fut la cause de plusieurs émotions populaires dont Guy Patin a parlé dans ses lettres.
La pistole, monnaie d’or battue en Espagne (double escudo) et en quelques endroits d’Italie, valait onze livres. Son exact équivalent français, créé en 1640, était le louis d’or (6,75 g dont 6,19 g d’or pur), qui circula jusqu’en 1928.
Les autres grosses pièces d’échange françaises étaient l’écu d’argent (écu blanc), valant trois livres, et le quart d’écu, pièce d’argent valant 15 puis 16 sols.
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