Remède, remédier
La médecine est « l’art de remédier », ars medendi.

Toute forme d’acte thérapeutique (du latin mederi, soigner, remédier), ou remède (θεραπεια [thérapéia], remedium en latin), était synonyme de « médecine », au sens large de médicament, de ce qui est appliqué ou préparé par l’art du médecin pour guérir une maladie, une douleur. Les emplâtres, céroènes (onguents cireux), cataplasmes sont des remèdes topiques qu’on applique sur la partie affligée. Le mercure, le quinquina sont des remèdes spécifiques pour certaines maladies. Les saignées, les potions sont des remèdes dont usent les méthodiques. Les eaux minérales, le lait sont les derniers remèdes des médecins. L’émétique (antimoine) et les remèdes chimiques sont violents et dangereux. On appelle le grand remède, la salivation ; et alors on dit qu’un homme se met dans les remèdes, quand il est résolu d’en user. On appelle un petit remède, un lavement qu’on prend souvent par délicatesse et pour se rafraîchir le teint. Il y a trois remèdes généraux : la diète, la chirurgie et la pharmacie (Furetière).

À l’instar des quatre éléments et des quatre humeurs (bile jaune, sèche et chaude comme le feu ; bile noire, sèche et froide, comme la terre ; sang, humide et chaud, comme l’air ; pituite, humide et froide, comme l’eau), les organes, leurs maladies et les médicaments qu’on y opposait étaient chauds ou froids, secs ou humides. Cela explique les qualificatifs d’échauffant, rafraîchissant, asséchant ou humidifiant (humectant) qu’on attachait aux drogues. À ces qualités premières de chacune, on attribuait un degré (allant du premier au quatrième) proportionnel à sont effet. Le système humoral avait une cohérence parfaite, quoique ses fondements fussent parfaitement faux : soigner revenait à rétablir l’intempérie des humeurs corporelles en la contrariant le plus habilement possible, c’est-à-dire au meilleur moment et avec le remède le plus adéquat.