Le chancelier de France était l’un des grands officiers de la Couronne et en devint le premier après la suppression de l’office de connétable en 1627. Depuis des siècles, sa charge était l’une des plus prestigieuses de la monarchie. Elle le rattachait à la Couronne et non à la personne du souverain, et c’est pourquoi il était inamovible : il ne pouvait perdre sa place que par mort, démission volontaire ou forfaiture. Symbolisée par le fait qu’il ne prenait pas le deuil au décès des rois, puisque leur justice était immortelle, cette inamovibilité pouvait devenir gênante lorsque l’âge ou les infirmités ralentissaient le travail du chancelier, ou lorsqu’il avait politiquement cessé de plaire. Dans ce cas, le roi le réduisait plus ou moins à l’inaction en lui retirant ses sceaux et en les confiant à un garde des sceaux révocable, qui remplissait ses fonctions à sa place. Assez souvent, la nomination d’un garde des sceaux a constitué une expectative de la succession d’un chancelier âgé ou valétudinaire. Vu la nature de ses fonctions, le chancelier (ou le garde des sceaux) était choisi par le roi dans la haute magistrature.
Responsable de l’expédition et du scellement des actes royaux, le chancelier avait ainsi regard sur tous les aspects de la vie du royaume, quels qu’ils fussent. Gardien des grands sceaux du roi, il les apposait en tenant le tribunal de l’audience du sceau. Il incarnait la justice du roi et, à ce titre, était le chef de ses conseils, qu’il présidait en son absence et dont les arrêts n’étaient validés que revêtus de sa signature. Il était pour la magistrature « la bouche du roi », ce qui plaçait non seulement tous les tribunaux sous son autorité, mais aussi les intendants des provinces. Il avait la police de la librairie et de l’imprimerie, et octroyait les privilèges d’impression. Enfin, conjointement avec « messieurs des finances », il participait au maniement des finances. Ses prérogatives et ses activités le plaçaient au sommet de la hiérarchie administrative, judiciaire et financière de l’État, duquel on a pu dire qu’il était en quelque façon le secrétaire général. Solidement fondés par les lois, la coutume et la tradition, les pouvoirs du chancelier n’en étaient pas moins, dans la pratique, dépendants de la personnalité de chacun de ces grands officiers et des événements politiques (M. Antoine, in D.G.S.).
Par extension, le chancelier était aussi celui qui gardait les sceaux des princes de la Maison royale, ou de quelques communautés : le chancelier de la reine, de Monsieur, de l’Université, de l’Académie française, des ordres de chevalerie du Saint-Esprit, de Saint-Lazare, etc.
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