< L. 182.
> À Henri Gras, le 18 juin 1649 |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À Henri Gras, le 18 juin 1649
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Je viens de recevoir la vôtre qui m’apprend que vous avez reçu celle dont j’étais en peine. Pour des pièces mazarines, [2] n’en attendez pas de moi, je n’en achète aucune, quoique j’avoue qu’il y en a de bonnes, mais il y en a aussi une infinité de mauvaises. Trois libraires du Palais se disposent à en faire un recueil où l’on ne mettra que les bonnes. Ceux qui décrient le parti de Paris en parlent avec passion et ignorance. C’est un mystère que peu de monde comprend : le Parlement fait de son mieux et s’est fort bien défendu du siège mazarin sur la parole que leur avait donnée M. le Prince [3] qui a tourné casaque ; [1] les généraux ne voulaient que faire durer la guerre et faire entrer l’Espagnol en France. M. le Prince avait un autre dessein qui n’a pas réussi. Le siège de Paris ne lui servait que de prétexte car qu’est-ce qu’il a fait ? Il a pris Meudon, [4] Charenton, [5] le Bourg-de-la-Reine, [2][6] et le tout sans canon. Il n’est mort personne de faim dans Paris, pas même un mendiant. Pas un homme n’y a été tué. Cinq mois durant, personne n’y a été pendu ni fouetté. [7] Le Parlement et la Ville sont demeurés dans le respect et le service du roi ; et comme la reine [8] et ceux de Saint-Germain virent la grande union qui était dans Paris et les dangers dont ces émeutes nous menaçaient, on tint prudemment une conférence à Saint-Germain qui établit la paix. [9] Il y en a qui disent que le Mazarin [10] ira dans la Flandre [11] en qualité de généralissime pour quelque temps, mais il n’y a point d’apparence qu’il veuille quitter la reine et qu’il ose si fort se fier à sa bonne fortune qui le pourrait abandonner en ce cas-là, vu qu’en son absence quelqu’un se pourrait présenter qui détromperait la reine, lui faisant connaître comment ce pantalon de longue robe, ce comédien à rouge bonnet, est cause de tous nos maux et de la ruine de la France. Je vous baise les mains et suis, etc. De Paris, ce 18e de juin 1649. | |||||||||||||
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Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr | |||||||||||||
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