L. 920.  >
À André Falconet,
le 19 août 1667

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 19 août 1667

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0920

(Consulté le 12/12/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Nous avons ici un de nos collègues fort malade de différents symptômes qui le menacent de mort. Ce serait pourtant grand dommage car il est grand serviteur de Dieu, excepté le corps et l’âme. C’est notre maître le vénérable Élie Béda, autrement nommé par son nom de guerre le sieur des Fougerais. [2] On parle ici d’un certain Parisien nommé Saint-Génis, [3] jadis conseiller au Châtelet qui, après avoir mal fait ses affaires, a été surpris et pendu dans Collioure, [4] au comté de Roussillon, atteint et convaincu d’avoir voulu solliciter à défection et trahison, pour le roi d’Espagne, les principaux officiers de ladite ville. [1] Ô maudite nation, que tu es malheureuse de tant aimer l’argent ! C’est ce que l’empereur Charles Quint [5] reprochait à nos Français. On ne fait point de difficulté de croire ici que Lille [6] se rendra bientôt au roi. [7] C’est une grande ville, belle et riche, dans laquelle sont beaucoup de marchands à leur aise qui aimeront mieux se rendre que de se laisser prendre et piller par nos soldats. Autre nouvelle, le tonnerre [8] tomba avant-hier au Marché aux chevaux [9] qui était plein de monde. [2] Il y a tué un marchand, une femme, le mulet des cordeliers et celui qui le menait vendre ; [10] si bien que voilà saint François réduit à aller à pied puisque le tonnerre a tué son mulet. Aujourd’hui nous avons encore eu un grand orage de tonnerre et de pluie qui fait peur à bien du monde, mais Dieu merci, personne n’en est mort. Je suis, etc.

De Paris, ce 19e d’août 1667.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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