< L. 967.
> À André Falconet, le 26 septembre 1669 |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À André Falconet, le 26 septembre 1669
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Je vous ai mandé comme j’avais rencontré sur le Pont-au-Change [2] votre M. de Belaître, [3] qui prit la peine de s’arrêter et de me saluer de votre part, et de me faire beaucoup de compliments. Après un peu de conversation nous nous en allâmes chacun de son côté ; nos chiens n’ont garde de chasser ensemble, Samaritani non coutuntur Iudæis. [1][4] On dit ici que le roi [5] a mandé à M. de Navailles [6] qu’il revienne de Candie [7] et qu’il ramène ses troupes puisque les Vénitiens et le pape [8] n’y font pas leur devoir pour en chasser le Turc. [9] On dit pourtant que le pape avait envoyé pour cet effet des pardons et des bulles : [10] Quidquid Roma dabit, nugas dabit, accipit aurum. [2][11] Les Turcs ne sont-ils pas de méchantes gens, et bien incrédules, de ne rien déférer à ces bulles, inventions italiennes et papalines ? On dit que le roi va faire du changement en la Grand’Chambre par le retranchement de quatre présidents au mortier qui sont fort obérés et qui ne paient point leurs dettes. MM. Le Bailleul [12] et de Novion [13] sont les deux premiers, les deux autres ne se nomment pas si haut ; pourtant je n’en crois rien et le prends pour un bruit de ville, et un son qui n’a pas d’efficace. Le maréchal de Bellefonds [14] va commander en Candie, il y mène quant et soi 1 500 hommes. Il y en a qui croient que l’accord y est fait entre les Vénitiens et les Turcs, d’autres disent que nos troupes revenaient, mais que le roi les a contremandées et qu’ils ont ordre de s’y en retourner. Ce 23e de septembre. J’ai ce matin rencontré près de la Porte Saint-Michel [15] M. le cardinal de Bouillon [16] qui était seul dans son carrosse, [3] il est ici en grande estime d’érudition et d’intelligence. Nous avons ici des dysenteries, [17] qui ne sont pourtant pas fort cruelles, et plusieurs fièvres quartes. [18] Je pense que l’hiver sera fécond en maladies à cause des grandes chaleurs de l’été qui ont bien échauffé les corps, et à cause du vin nouveau [19] qui sera terrible, à ce que disent les bons biberons. [4] Delà viendront les inflammations de poumon, [20] les rhumatismes [21] et les gouttes, [22] sans oublier les doubles tierces [23] et les quartes. J’ai donné congé à mes auditeurs dès le 12e de juillet [24] et ne recommencerai qu’à la fin de novembre, selon la coutume. Nous avons en notre Collège [25] deux places vacantes, l’une de philosophie, l’autre de médecine. Plusieurs les ont demandées, et ce par les plus grands du royaume. Le roi n’en a voulu conférer aucune, il veut qu’elles soient mises à la dispute. On commencera par celle de philosophie, en exécution d’un arrêt du Conseil donné sous Charles ix [26] l’an 1566, et qui pourtant n’a jamais été observé. Quoi qu’il en soit, nous obéirons au prince qui est le grand maître, qui est le patron de ces chaires royales. Il y a un an que celle-ci vaque par la mort de M. Des Auberis, [27] professeur en philosophie au Collège d’Harcourt. Celle de médecine vaque par la mort de Philippe Chartier. [28] Un des nôtres, nommé Ruffin, [29] se rendit chartreux l’an passé, [30] il a fait profession depuis quinze jours en Basse-Bretagne ; [5] et voilà comment le nombre se diminue, par mort ou autrement. Plusieurs veulent ici gager que M. de Beaufort [31] n’est pas mort : o utinam ! [6] Je vous baise les mains et suis de tout mon cœur votre, etc. De Paris, ce 26e de septembre 1669. | |||||||||||||
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Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr | |||||||||||||
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