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Lettre de Guy Patin introduisant le Borboniana manuscrit  >

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits. Lettre de Guy Patin introduisant le Borboniana manuscrit

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8221

(Consulté le 19/04/2024)

 

Lettre de M. Patin écrite à son fils,
servant de Préface à tout ce recueil
 [a][1]

« Mon fils,

Je parle à vous comme si c’était ici mon testament. Tous ces cahiers que vous voyez sont un ramas sans aucun ordre de plusieurs choses fort différentes, que j’ai apprises et ouï dire aux uns et aux autres ; mais la plus grande part vient de la conversation que j’ai eue durant quelques années avec le clarissime et très savant M. Nicolas Bourbon, dans l’Oratoire à Paris. [1] Il y a quantité de bons mots qu’il fait bon savoir ; il peut y avoir quelque mécompte ou fausseté, mais il y en a peu : la plupart des citations y sont vraies, car j’y ai pris plaisir en les vérifiant. Il y a quelques points bien libres et bien délicats touchant la religion et le gouvernement des princes, qu’il vaudrait mieux bien savoir et les avoir dans l’esprit que de les rédiger par écrit (cela étant meilleur à taire qu’à être divulgué). Je les ai néanmoins écrits tant pour moi que pour vous : faites-en votre profit, mais ne les montrez jamais à personne, non plus que s’ils n’étaient pas écrits. Ayez-les pour vous, étudiez-les, lisez-les ; mais ne dites jamais que vous ayez cela en des cahiers écrits de ma main, car enfin, vous vous trouveriez embarrassé et peut-être obligé de les prêter à quelqu’un ; ce que vous ne devez jamais faire, pas même à votre frère, si vous ne le jugez fort capable de tout secret ; néanmoins, si vous pensez que cela lui serve, ne lui déniez pas. Si vous y découvrez quelque faute, amendez-la sagement. Tout ce que j’y ai dit des jésuites, croyez-le comme très vrai, mais ne le dites jamais que très à propos, de peur de vous charger à crédit en vain, et même à votre grand regret, de la haine de ces gens-là, qui ne valent rien et qui même ne pardonneraient pas à Jésus-Christ s’ils le tenaient pour avoir de l’argent : autres Judas, Mézences ressuscités, hommes tout à fait perdus, tenez-les pour païens et publicains. [2][2][3][4] J’ai prêté quelques-uns de mes cahiers à trois de mes amis, l’un après l’autre ; mais je m’en suis toujours repenti ; c’est pourquoi je vous le dis encore un coup, ne les prêtez jamais, ni ne les faites voir à personne. Gardez-les pour vous, gardez-les pour vous et pour les Muses. Lisez-les, et les brûlez plutôt que de les prêter jamais à personne. Mais avant que de les brûler, apprenez-les : il y a là-dedans quelque chose de bon, qui m’a quelquefois servi extrêmement et qui vous servira bien aussi, si vous en savez faire votre profit. Tout ce qui est là-dedans n’est pas toujours mon avis : j’ai parfois parlé suivant l’avis des autres. Il y a du mauvais, du médiocre et beaucoup de bon, c’est l’Ægyptus Homerica[3][5][6] Pensez à en faire sagement votre profit. Croyez-moi, et vous vous en trouverez bien. »


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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