Journal de la Fronde (volume ii, fo 52 ro et vo, Paris, mars 1652) :
« Mademoiselle étant partie d’ici le 25 {a} fut coucher à Châtres, {b} et envoya le marquis de Flamarens {c} en toute diligence à Orléans pour y porter la nouvelle de sa venue et préparer les esprits à la recevoir. Le 26, elle fut coucher à Toury, {d} d’où elle partit le 27 ; et étant arrivée à Artenay, cinq lieues d’Orléans, elle trouva ce marquis qui lui venait porter la nouvelle que le garde des sceaux était à la porte de la ville, de l’autre côté de la rivière {e} avec tout le Conseil, où il haranguait le peuple pour y entrer, et les maréchaux de logis du roi qu’il disait être en chemin pour y venir sans le cardinal Mazarin. Aussitôt, elle monta à cheval et courut au galop jusqu’aux portes d’Orléans avec une escorte de 500 chevaux. Elle y arriva entre midi et une heure ; et les portes étant fermées, on lui dit que l’assemblée de ville délibérait si on la laisserait entrer. Elle attendit plus d’une heure l’issue de cette délibération, après laquelle on lui vint dire qu’on avait proposé de ne laisser entrer personne de l’un et de l’autre parti ; mais après s’être fait voir autour des murailles, le peuple s’y ramassa en grande foule et contre l’avis de son conseil, elle accepta l’offre que lui firent les bateliers de la faire monter par une échelle sur un ravelin {f} et de rompre une porte qui y était, afin d’entrer par là. Aussitôt, on la conduisit dans un bateau au pied de ce ravelin où elle monta par une échelle après son écuyer, suivie seulement de Mmes de Fiesque et de Pontereau, et de cinq gentilshommes. Étant sur le ravelin, elle fit rompre cette porte avec des haches ; s’étant entrée, le peuple l’accueillit avec des grands applaudissements et des cris continuels de “ Vive le roi et Son Altesse Royale ! ” et “ Point de Mazarin ! ” L’hôtel de ville ayant appris son entrée, lui députa le marquis de Sourdis, le maire et quelques autres, qui lui dirent qu’ils avaient refusé l’entrée au garde des sceaux et au Conseil, et peu après firent entrer tout son train. »
- V. note [27], lettre 284.
- Arpajon, v. note [8], lettre 149.
- Antoine-Agésilan de Grossolles.
- Eure-et-Loir.
- La Loire.
- Une demi-lune.
Mlle de Montpensier n’a pas manqué dans ses Mémoires (première partie, volume 1, chapitre x, page 363) de vanter le premier de ses deux exploits militaires de 1652 (avec son commandement des canons de la Bastille lors du combat de la porte Saint-Antoine, v. note [36], lettre 291) :
« Après avoir fait quelques rues, portée dans ce triomphe, je leur dis que je savais marcher et que je les priais de me mettre à terre, ce qu’ils firent. Je m’arrêtai pour attendre les dames qui arrivèrent un moment après fort crottées aussi bien que moi, et fort aises aussi. Il marchait devant moi une compagnie de la ville, tambour battant, qui me faisait faire place. Je trouvai à moitié chemin de la porte à mon logis M. le gouverneur, qui était assez embarrassé (et l’on l’est bien à moins), avec Messieurs de la ville, qui me saluèrent. Je leur parlai la première : je leur dis que je croyais qu’ils étaient surpris de me voir entrer de cette manière ; mais que, fort impatiente de mon naturel, je m’étais ennuyée d’attendre à la porte Bannière {a} et qu’ayant trouvé la < porte > Brûlée ouverte, j’étais entrée ; qu’ils en devaient être bien aises afin que la cour, qui était à Cléry, ne leur sût point mauvais gré de m’avoir fait entrer ; qu’étant entrée sans eux, cela les disculpait et que, pour l’avenir, ils ne seraient plus garants de rien puisque l’on se prendrait à moi de tout, sachant bien que, lorsque les personnes de ma qualité sont en un lieu, elles y sont les maîtresses, et avec assez de justice. “ Je la dois être ici<, ajoutai-je, > puisqu’il {b} est à Monsieur. ” »
- Autrement nommée Banier ou Baunier.
- Orléans.
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