À Charles Spon, le 7 mars 1653, note 1.
Note [1]

La surintendance des finances était vacante depuis la mort de Charles de La Vieuville, le 2 janvier 1653 (v. note [28], lettre 300). Un grand nombre de prétendants avaient brigué sa succession en récompense de leurs divers mérites.

Petitfils c (page 95) :

« Mazarin n’aimait guère trancher dans le vif, faire un heureux pour vingt déçus. Il hésita un moment à remplacer cette charge par un Conseil des finances, mais cela revenait à créer un organe nécessairement lourd et lent en une période où la rapidité de décision était essentielle. Finalement, il se rallia à l’idée de créer deux surintendants se surveillant l’un l’autre, choisis parmi ses fidèles : Abel Servien, le diplomate heureux, et Nicolas Fouquet, l’habile et si utile procureur général. Cette décision fut annoncée le 7 février 1653. »

Cette surintendance conjointe allait durer six ans (Dessert a, pages 284‑285) :

« […] la zizanie n’a pas manqué de s’élever rapidement entre Servien et Fouquet, le premier accusant le second d’empiéter sur ses attributions. En fait, le vieux serviteur, durant les deux premières années de sa fonction, a dominé son jeune alter ego. Cependant, son tempérament hautain et une certaine irrésolution l’ont gêné : il réussit mal auprès des gens d’argent à un moment pourtant où les dépenses militaires, la guerre se ravivant, nécessitent un effort financier important. Il fallait donc rendre à la surintendance une efficience certaine et éviter qu’elle ne soit paralysée par des rivalités de personnes ou de compétences. L’arrêt du 24 décembre 1654, pour clarifier la situation, précise alors les attributions de chacun des deux titulaires : tant que les hostilités dureront, Servien ordonnera les dépenses et délivrera les assignations sur les ordres du roi, c’est-à-dire, dans la réalité, sur les ordres du cardinal ; Fouquet devra contresigner sans manifester la moindre opposition les ordonnances de fonds, celles de comptant, les assignations après qu’elles auront été visées par Servien. De son côté, le procureur général se chargera expressément de la recette des fonds qui alimenteront l’Épargne ; mais surtout, il dirigera la politique financière du pays en choisissant les affaires extraordinaires proposées par les traitants, en fixant le volume des avances et le montant des remises accordées aux publicains, enfin en veillant à l’adjudication des fermes. Bref, il prend la haute main sur les différents revenus du monarque, dont il fixe la part respective, et il s’abouche avec tous les gens de finance dont il doit tirer, dans les conditions les meilleures, tout le secours qu’impose le service de l’État. Cette séparation des compétences, soigneusement établie entre les deux responsables qui devront chacun agir dans son département “ sans rien faire au delà ” subsiste jusqu’en février 1659, à la mort de Servien, moment où Fouquet reste seul en fonction et réunit sous son autorité tous les devoirs de la surintendance. »

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 7 mars 1653, note 1.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0307&cln=1

(Consulté le 19/04/2024)

Licence Creative Commons