À Charles Spon, le 1er mai 1654, note 1.
Note [1]

Nicolas Mazure (Avranches-Paris 1685), ordonné prêtre en 1632, était devenu curé de la paroisse Saint-Paul à Paris {a} en 1633, à la mort de son oncle. Docteur de Sorbonne en 1636, le curé de Saint-Paul avait donné en 1643 son approbation à la Fréquente Communion d’Antoine ii Arnauld. {b} Adhérant aux thèses de Port-Royal et soutenu par les curés de Paris, il avait publié en 1653, sous couvert de l’anonymat, L’Obligation des fidèles de se confesser à leur curé, pour répondre aux Réflexions des réguliers sur le chapitre xxi du concile général de Latran en l’année 1215, {c} sous le pape Innocent iii, ouvrage qui lui valut une vive querelle avec le P. Jean Bagot, jésuite. {d} Prenant résolument fait et cause pour le jansénisme et le gallicanisme, la vie de Mazure ne fut qu’une longue lutte contre les jésuites et contre Rome. Il n’en signa pas moins la censure d’Antoine ii Arnauld en Sorbonne, dont il fut doyen durant les dernières années de sa vie (Dictionnaire de Port-Royal, page 732).

Un siècle plus tard, les jésuites maudissaient encore la mémoire de Mazure : {e}

« Les plus petites ressources sont quelquefois bien précieuses. Parmi ces curés {f} se trouvait l’abbé Mazure, curé de Saint-Paul, dont la plume ne s’était jusqu’alors fait connaître que par une multitude d’approbations de livres du parti, signés de lui. Du reste, c’était un homme qui ne manquait aucune occasion de se signaler par les petites querelles qu’il faisait en toute rencontre aux jésuites, ses voisins. {a} Il s’était surtout fait un nom dans le parti pour avoir fait taire le Père Lingendes {g} en faisant sonner toutes les cloches et chanter tous ses prêtres tandis que ce père prêchait. En fallait-il plus pour être un héros de Port-Royal ? Ce fut donc sur un homme d’un mérite de cette espèce qu’on jeta les yeux pour combattre par des écrits le nouveau monstre : on lui proposa de le faire, et il se laissa persuader. […]

Ce sont les huit écrits qui furent répandus dans le public immédiatement après les Provinciales, {h} sous les noms et avec les signatures des huit curés de Paris. Le but de ces écrits est, sous prétexte de poursuivre la condamnation de l’Apologie des casuistes, {i} de décrier les ennemis de la secte, et surtout les jésuites, par des injures que n’inspira jamais le vrai zèle ; par exemple : Nous voyons, disent-ils dans un de ces écrits, la plus puissante Compagnie et la plus nombreuse de l’Église, acharnée à soutenir les plus horribles maximes qui aient jamais fait gémir l’Église. On peut juger du reste par cet échantillon et par le caractère des véritables auteurs de ces libelles. »


  1. V. note [7], lettre 55, pour l’église Saint-Paul, dont Mazure était curé, et sa voisine de la rue Saint-Antoine, Saint-Pierre et Saint-Paul, qui était la principale église jésuite de Paris.

  2. V. note [47], lettre 101.

  3. V. note [9], lettre 399.

  4. V. note [4], lettre 310.

  5. Henri-Michel Sauvage (1704-1791), philosophe jésuite :La Réalité du projet de Bourg-Fontaine, démontrée par l’exécution (Utrecht, sans nom, 1755, tome second, pages 84‑86) ; la chartreuse de Bourg-Fontaine, à Villers-Cotterêts, avait été un des berceaux du jansénisme au xviie s.

  6. Jansénistes.

  7. Le jésuite Claude de Lingendes, v. note [39], lettre 106.

  8. V. note [23], lettre 446.

  9. V. note [9], lettre 527.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 1er mai 1654, note 1.

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(Consulté le 25/04/2024)

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