Fiche biographique : Bauhin, Johann Caspar i et Hieronymus, note 1.
Note [1]

Dans son Oratio funebris [Oraison funèbre] de Hieronymus Bauhin (Bâle, 1667, v. note [40], lettre 925), Johann Heinrich Glaser a relaté les circonstances de sa mort (pages 17‑18) :

Cum itaque præteriti mensis Januarii die decima quarta vesperi, a consuetis circa ægros laboribus domum reversus, febre corriperetur, quanquam prima fronte calor ejus adeo mitis erat, ut ephemeræ faciem præ se ferret ; ipse tamen aliunde lethalem judicavit, quod ex schedula postridie prima luce ad Patrem missa videre est, qua periculum vitæ suæ non obscure innuit. Imo ipsam mortis diem, qui nonus morbis erat, certo eventu prædixit, subinde adstantes jubens ad nonum respicere. […] Cumque Parens pietatem ejus, quod Dei voluntati se plane profiteretur obedientem, laudaret, cordatum tamen eum esse juberet, nec spem deponere convalescentiæ ; hilari facie respondit : cordatus sum, et αυταρκης animo lubenti Dei expecto imperium. […] Sexto morbi die charissimæ conjugi primum valedixit, oratione plena Consolationis trsititiam ejus, quantum poterat, leniens : tum filiolum utrumque maternæ ejus curæ commisit, majoremque natu Medicinæ sacris consecravit, precatus, si Deus ei vitam et vires concederet, ut ultimam hanc voluntatem suam exequeretur : quod cum mœstissima Uxor stipulata manu promisisset, flexis prope lectum suum genibus orare jussam una cum liberis divinæ providentiæ ardentibus votis commendavit. His similibus documentis fidem suam ac pietatem et tranquillis morbi intervallis, et ipso febrilis delirii fervore testatam fecit ; tunc enim mens ejus, cum externorum sensuum ministerio destituta, res externas negligeret, et phantasiæ ludibriis permitteret, Divinis tamen adeo intenta erat, ut ad Verbum Dei percipiendum vim omnem spirituum, quæ adhuc reliqua erat, summa contentione impenderet. […] Tandem vehementia febris omnem fallente Medicorum industriam, nono die, ut prædixerat, cum nondum omnino trigesimum ætatis annum explevisset, animo et cogitationibus ad æterna gaudia compositis, vitam hanc caducam cum morte, aut potius cum beatiore vita commutavit ; quis enim vivere eum cum Deo totoque Beatorum choro non existimet, qui mortem hoc modo obiit ?

[Le soir du 14 janvier passé, {a} quand il fut rentré à la maison après avoir, comme d’habitude, passé sa journée auprès des malades, une fièvre le saisit. {b} À première vue, la chaleur en était si légère qu’elle semblait devoir être sans lendemain ; mais lui la jugea d’autre nature, et bel et bien mortelle : le billet qu’il envoya à son père le lendemain dès l’aube fait voir qu’il savait parfaitement que sa vie était en danger. Il a même prédit le jour exact de son décès, qui fut le neuvième de sa maladie, en ordonnant aussitôt à ceux qui se tenaient à son chevet d’envisager sa fin à cette date précise. {c} (…) Comme son père le voyait proclamer qu’il obéirait entièrement à la volonté de Dieu, il loua sa piété, mais lui ordonna d’être raisonnable et de ne pas abandonner l’espoir d’une guérison ; son fils lui répondit joyeusement : « Je suis raisonnable et attends le commandement de Dieu, en me contentant de l’accepter de bon cœur. » (…) Au sixième jour, il dit une première fois adieu à sa très chère femme, {d} en apaisant sa tristesse, du mieux qu’il pouvait, par un discours de consolation. Il confia alors leurs deux petits garçons aux bons soins de leur mère ; {e} il consacra l’aîné aux saints devoirs de la médecine, le priant de respecter cette dernière volonté qu’il exprimait, si Dieu lui concédait la longévité et les capacités requises. Après que son épouse eut promis cela, le bras levé et avec une immense tristesse, il recommanda de ses vœux ardents à la divine providence ses enfants et celle qui avait prononcé ce serment, agenouillée près du lit. Par d’autres telles démonstrations, il témoigna de sa foi et de sa piété pendant les rémissions de son mal et même dans les accès de son délire fébrile, car alors, quand son esprit avait perdu la maîtrise des sensations extérieures, négligeant ce qui se passait autour de lui pour se laisser aller aux extravagances de la rêverie, ses pensées étaient si habitées par la religion qu’il mettait toutes les forces d’esprit qu’il possédait encore à percevoir la Parole de Dieu. (…) Finalement, quand la fièvre eut mis en échec toute l’habileté des médecins, au neuvième jour, comme il l’avait prédit, sans avoir déjà tout à fait achevé sa trentième année d’âge, il passa de cette vie déclinante au trépas, ou plutôt à une autre vie, plus heureuse ; {f} car qui donc, en mourant de la sorte, ne tiendrait pas pour tel le fait d’aller séjourner auprès de Dieu et de l’assemblée des saints ?]


  1. Le lundi 24 janvier 1667 du calendrier grégorien (« nouveau style », en vigueur dans les pays catholiques).

  2. Dans sa lettre du 27 mars 1667 à Johann Daniel Horst (v. sa note [2]), Guy Patin a mentionné l’épidémie de peste qui sévissait alors à Bâle.

    Par sa cause et son déroulement, la mort de Hieronymus Bauhin, à Bâle, ressemble en tous points à celle de Johannes Antonides Vander Linden, à Leyde, trois ans auparavant (v. note [8], lettre latine 289).

  3. Une peste septicémique (fièvre synoque putride, v. note [1], lettre 5) était le seul diagnostic qu’un médecin pût porter sur lui-même avec un pronostic aussi précis et exact. La durée d’incubation de cette infection varie entre un et sept jours ; Hieronymus l’avait sans doute contractée au contact de ses malades.

  4. En 1664 Hieronymus avait épousé Anna Fesch, fille de Hans Ludwig, marchand et secrétaire du Conseil de Bâle (v. note [15] de Jacob Spon et Charles Patin, premiers éditeurs des Lettres choisies de feu M. Guy Patin pour cette illustre famille bâloise).

  5. En mourant, Hieronymus laissait deux fils : Johann Caspar, âgé de 18 mois, exerça la médecine à Montbéliard, au service du duc de Wurtemberg ; Johann Ludwig, âgé de 18 semaines, devint juriste et conseiller de la ville de Bâle.

  6. Le mercredi 2 février 1667 (grégorien).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Fiche biographique : Bauhin, Johann Caspar i et Hieronymus, note 1.

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(Consulté le 24/04/2024)

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