Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : i, note 1.
Note [1]

Ces préceptes philosophiques sont ceux de Cicéron. Ce qu’il a écrit sur le procès intenté contre le sénateur Publius Rutilius Rufus, injustement accusé d’extorsion, en donne un exemple parmi bien d’autres (De l’Orateur, livre i, chapitre liii) :

Nam cum esset ille vir exemplum, ut scitis, innocentiæ cumque illo nemo neque integrior esset in civitate neque sanctior, non modo supplex iudicibus esse noluit, sed ne ornatius quidem aut liberius causam dici suam, quam simplex ratio veritatis ferebat. […] Quod si tu tunc, Crasse, dixisses, qui subsidium oratori ex illis disputationibus, quibus philosophi utuntur, ad dicendi copiam petendum esse paulo ante dicebas, et, si tibi pro P. Rutilio non philosophorum more, sed tuo licuisset dicere, quamvis scelerati illi fuissent, sicuti fuerunt pestiferi cives supplicioque digni, tamen omnem eorum importunitatem ex intimis mentibus evellisset vis orationis tuæ. Nunc talis vir amissus est, dum causa ita dicitur, ut si in illa commenticia Platonis civitate res ageretur. Nemo ingemuit, nemo inclamavit patronorum, nihil cuiquam doluit, nemo est questus, nemo rem publicam imploravit, nemo supplicavit; quid multa ? Pedem nemo in illo iudicio supplosit, credo, ne Stoicis renuntiaretur.

[Ce généreux citoyen, la probité même, le modèle de l’intégrité et de la vertu, loin de paraître en suppliant devant ses juges, ne permit pas même qu’on employât pour sa défense d’autre preuve que la justice, d’autre éloquence que la vérité. (…) Si vous eussiez été chargé de cette cause, vous, Crassus, qui tout à l’heure prétendiez que l’art oratoire doit appeler à son aide les principes des philosophes ; si vous eussiez pu défendre Rutilius, non pas à leur manière, mais à la vôtre, votre éloquence eût triomphé de toutes les ruses de la scélératesse, et vous eussiez arraché les âmes à l’oppression cruelle sous laquelle les retenaient des pervers, dignes du dernier supplice. Mais nous perdîmes le plus vertueux des Romains parce que sa cause fut plaidée comme elle eût pu l’être dans la république imaginaire de Platon. {a} Point de gémissements, point d’exclamations ni de plaintes lamentables ; personne qui invoquât la compassion d’un ton suppliant, personne qui implorât la république, personne enfin qui dans ce jugement mémorable osât frapper du pied la terre ; de peur sans doute que le bruit n’en vînt aux oreilles des stoïciens]. {b}


  1. Pour dire que plaider la vérité et le droit, sans fard ni pathos, avait échoué, menant à la condamnation.

  2. Autrement dit, « ne réveillât Zénon [v. note [8], lettre 340] dans son tombeau ».

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : i, note 1.

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(Consulté le 20/04/2024)

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