Note [1] | |
Diogène Laërce (v. note [3], lettre 147), Vies des philosophes illustres (livre ix, § 42), sur Démocrite (v. note [9], lettre 455) : « Athénodore, dans le livre viii de ses Promenades, {a} dit qu’Hippocrate étant venu le trouver, Démocrite demanda qu’on apportât du lait. Ayant observé ce lait, il dit qu’il était celui d’une chèvre primipare et noire ; du coup, Hippocrate s’émerveilla de sa perspicacité. On raconte aussi l’histoire d’une jeune servante qui accompagnait Hippocrate : le premier jour, il la salua ainsi, “ Bonjour, Mademoiselle ” ; le jour suivant, “ Bonjour Madame ” ; la fille avait été déflorée pendant la nuit. » {b} Cette anecdote se lit dans le Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle (tome premier, seconde partie, Rotterdam, 1697, note C sur Démocrite, pages 946‑947). Le commentaire qui la suit est dans la veine des rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin. Ils ont sans doute préféré éluder celui de Bayle, qui est autrement plus spirituel et distrayant : « Je ne serais pas aussi innocent de mensonge que je suis, si je me hasardais de rapporter cette historiette avec quelques additions que je ne trouverais pas dans les vieilles sources ; et c’est pourquoi j’accuse ici de mensonge et de falsification ceux qui ont dit que Démocrite connut aux yeux de la fille qui accompagnait Hippocrate qu’elle avait passé la nuit avec un homme. Ce qu’ils ajoutent, que cette sagacité est odieuse à la moitié du genre humain, pourrait passer, s’ils ne le tiraient d’une fausse supposition ; car il est vrai que ce serait une chose très importune que d’avoir à redouter des gens qui connaîtraient aux yeux d’une fille si elle a perdu sa virginité. Ceux qui aiment les fraudes pieuses devraient travailler à faire accroire qu’il y a quantité de gens qui le connaissent ; {a} mais il serait à craindre que cette erreur ne fût plus fortement et plus efficacement combattue qu’aucune superstition. Une infinité de gens seraient esprits forts {b} et dogmatiseraient en esprits forts contre cette fraude pieuse. Il y en a qui disent que ce fut à la voix de cette fille que Démocrite reconnut la défloraison. Il remarqua, disent-ils, qu’elle n’avait pas le ton de voix du jour précédent ; et sur cela, ils nous content qu’Albert le Grand, {c} sans sortir de son cabinet, reconnut la faute d’une servante : on l’avait envoyée chercher du vin dans un cabaret ; elle revint en chantant ; Albert, appliqué à son étude, ne laissa pas de remarquer que la voix de cette fille était devenue moins claire qu’elle n’était, et il conclut qu’on avait dépucelé cette servante durant ce petit voyage. » {d} |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Autres écrits : Ana de Guy Patin : L’Esprit de Guy Patin (1709), Faux Patiniana II-4, note 1. Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8217&cln=1 (Consulté le 08/09/2024) |