Note [1] | |
Un tel avant-propos convient clairement que Guy Patin n’est pas auteur des 98 articles qui suivent, numérotés en chiffres romains minuscules. Leur nombre n’est que de 95 dans la version imprimée, où un défaut de composition a omis d’en distinguer trois. Pour en faciliter la lecture, j’ai mis en petites majuscules l’intitulé du Moréri, en respectant les altérations éventuellement apportées par L’Esprit de Guy Patin. Sans surprise, « notre ami M. D… », qui les a confiés aux rédacteurs de notre Faux Patiniana, est un faux-nez : fidèles à leur méthode de plagiat sans vergogne, ils avouent ici néanmoins leur larcin, sans le dévoiler tout à fait ; néanmoins, on découvre sans peine qu’ils sont tous issus du Grand Dictionnaire historique, ou le Mélange curieux de l’histoire sacrée et profane… Ouvrage progressivement accru au fil de ses 20 éditions parues entre 1674 et 1759, il a fait la célébrité de Louis Moréri (Bargemon, Provence 1643-Paris 1680), prêtre et docteur en théologie. J’ai inséré, après le numéro de chaque article, le lien de sa référence dans l’une de trois éditions disponibles en ligne (au mois de septembre 2020) :
Il est difficile d’imaginer que ce florilège ait été composé à l’insu des libraires (Coignard et Mariette) qui ont imprimé les premières éditions françaises posthumes du Grand Dictionnaire (à partir de 1699, référence 3 supra), et surtout de leur compilateur, l’obscur M. Vaultier (prénom inconnu), dont la préface de la 18e édition (Bâle, 1731) a ainsi loué les mérites : « Le débit du Dictionnaire de Moréri fut très considérable en Hollande. M. Le Clerc {a} nous apprend que depuis l’an 1690 jusqu’à l’an 1698, il s’en était vendu sept mille exemplaires. Un débit si rapide, qui sûrement était lucratif, fit ouvrir les yeux aux libraires de Paris, qui savent, de même que ceux des autres nations, quo valeat nummus. {b} Ils engagèrent donc M. Vaultier à se charger de revoir le Moréri, et à procurer une nouvelle édition qui effaçât le mérite de celles de Hollande. M. Bayle loue l’esprit, le savoir et l’application de ce nouveau réviseur : “ M. Vaultier, dit-il, est très habile, la grande vivacité de son esprit ne l’empêche pas d’être fort laborieux, et capable d’une très longue et très profonde application. ” {c} Ce fut en 1699 que M. Vaultier fit paraître sa première édition. » {d} Avec ce bouquet final de leur extravagante rhapsodie, les auteurs de L’Esprit de Guy Patin font allègrement passer le lecteur d’un faux Patiniana à un pseudo-Moreriana qui ne dit pas son nom. Tout cela peut laisser imaginer que ce supplément numéroté soit une commande que, à court d’idées et de matière, nos besogneux faussaires auraient faite à Vaultier, moyennant quelque honoraire, pour augmenter de 80 pages le volume, la bizarrerie et le profit commercial de leur livre. Quoi qu’il en soit de mon hypothèse, mes notes ont complété leurs commentaires moralisateurs avec les citations des ouvrages consultés par Moréri, Le Clerc ou Vaultier chaque fois qu’il m’a paru enrichissant ou curieux de les retrouver. |
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Correspondance complète et autres écrits de Guy Patin, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709), Faux Patiniana II-7, note 1. Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8220&cln=1 (Consulté le 05/06/2023) |