À Claude II Belin, le 17 novembre 1634, note 10.
Note [10]

Chartres (Eure-et-Loir), sur l’Eure à 90 kilomètres au sud-ouest de Paris, capitale de la Beauce et d’un duché alors attribué à la Maison d’Orléans. C’était le siège d’un évêché et d’un vice-bailliage.

Léonor (ou Éléonor) d’Étampes-Valençay (1585-Paris 8 avril 1651), entré fort jeune dans les ordres, avait d’abord été abbé de Bourgueil-en-Vallée, député du Clergé aux états généraux de 1614 (v. note [28] du Borboniana 3 manuscrit). Évêque de Chartres en 1620 et le premier, en 1635, à aller faire son hommage au cardinal de Richelieu, il allait être nommé archevêque de Reims en 1641 après la démission du duc de Guise, Henri ii de Lorraine (v. note [4], lettre 27) (G.D.U. xixe s. et Adam).

Tallemant des Réaux lui a consacré une historiette (tome i, pages 422-432) ; elle commence par ce portrait :

« Éléonor d’Étampes avait fort bien étudié et avait la mémoire heureuse : il a écrit quelque chose. Il avait l’esprit agréable, était bien fait de sa personne ; mais il n’y a jamais eu un homme si né à la bonne chère et à l’escroquerie ; bon courtisan, c’est-à-dire lâche et flatteur. Il eut l’abbaye de Bourgueil, en Anjou, dès son enfance ; après, il fut évêque de Chartres, et enfin archevêque de Reims, quand on fit le procès à M. de Guise. »

Plus loin (page 424), on trouve de scabreux détails :

« M. de Reims (il vaut mieux l’appeler toujours ainsi) dépensait furieusement ; car, outre qu’il a toujours tenu une table fort délicate et fort bien servie, il a toujours eu grand train. Il était soigneux de faire apprendre tous les exercices à ses pages, et d’en avoir toujours de beaux. Quelques-uns en médirent ; cela fut cause qu’il en prit de moins beaux ensuite. On m’a dit qu’il se contentait alors de leur branler la pique, et en même temps leur passait la main dans les cheveux. Je ne sais comment il en usait en sa jeunesse ; mais plus de vingt ans devant que de mourir, il avait un pain de sucre, et demoiselle Giot (une guérisseuse de hergnes) {a} a plusieurs fois travaillé à ses affaires. De là vient le conte qu’on fait de lui et de M. Denetz, évêque d’Orléans. Ils gagèrent {b} à qui aurait le plus long v… M. de Reims perdit et lui dit après : “ Ma revanche pour les couilles. ” » {c}


  1. Hernies. Le « pain de sucre » évoque la protrusion conique d’une hernie ombilicale (au travers du nombril), mais je n’en ai pas trouvé d’attestation écrite.

  2. Parièrent.

  3. Pour être si fanfaron, M. de Reims devait avoir deux hernies inguino-scrotales (une de chaque côté), avec glissement de l’intestin par le canal inguinal dans le scrotum, donnant l’apparence de volumineux testicules.

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 17 novembre 1634, note 10.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0019&cln=10

(Consulté le 11/12/2024)

Licence Creative Commons