À Claude II Belin, le 13 janvier 1639, note 10.
Note [10]

Les États ou duché indépendant de Savoie étaient alors composés de l’actuel département de Savoie, de la région italienne du Piémont et du comté de Nice. Depuis 1562, sa capitale, après avoir été Chambéry, était Turin. En 1637, la Maison de Savoie avait perdu son chef, Victor-Amédée ier (né en 1587), prince de Piémont et duc de Savoie, qui avait succédé en 1630 à son père, Charles-Emmanuel ier, le Grand (couronné en 1580). Alors alliés de la France mais courtisés par l’empereur et par l’Espagne, les ducs étaient obnubilés par l’obtention d’une couronne royale ; ce ne fut chose faite qu’en 1713 avec l’acquisition de la Sicile, échangée en 1718 pour la Sardaigne. Le fils aîné de Victor-Amédée, François-Hyacinthe, âgé de cinq ans était mort en 1638 ; son frère cadet Charles-Emmanuel (1634-1675, v. note [10], lettre 354), qui allait officiellement reprendre la tête du duché en 1648, n’avait alors que quatre ans ; la régence de la Savoie était assurée par sa mère, Christine de France, dont l’autorité était mise en péril par ses deux beaux-frères pro-espagnols, le cardinal Maurice et le prince Thomas ; il s’ensuivit une guerre civile, qui dura jusqu’en 1642.

La duchesse de Savoie, Christine-Marie (Chrétienne) de France (1606-Turin 27 décembre 1663), était la deuxième des trois filles de Henri iv et de Marie de Médicis, et la sœur de Louis xiii et de Gaston d’Orléans. En 1619, elle avait épousé Victor-Amédée ier. Lorsque le duc reprit, deux ans plus tard, le titre de roi de Chypre que ses ancêtres avaient porté de 1485 à 1496, il fit appeler sa femme Madama Reale, Madame Royale, dignité jusqu’alors inusitée. Durant sa régence longue de dix ans, Christine fit preuve d’une autorité qu’elle conserva, même après la majorité de Charles-Emmanuel. Elle lutta continuellement contre les ambitions espagnoles de ses beaux-frères, s’appuyant sur la France, dont la protection n’était pas toujours désintéressée. Chassée un moment de Turin par le prince Thomas, elle eut cependant la fermeté de refuser à Richelieu la remise de toutes ses places de guerre.

Maurice de Savoie (Turin 1593-ibid. 4 octobre 1657), fils de Charles-Emmanuel ier, avait été nommé cardinal diacre par le pape Paul v, dès 1607, sacré en 1621. Après la paix de 1642, il rendit le chapeau pour épouser sa nièce âgée de 14 ans, Louise-Marie-Christine de Savoie, fille de Christine et de Victor-Amédée ier.

Thomas de Savoie (1596-22 janvier 1656), prince de Carignan, dit le prince Thomas, était le cinquième fils de Charles-Emmanuel ier. D’un caractère changeant, Thomas avait participé à la campagne d’Italie et servi contre les Gênois en 1625 sous les ordres de son père et de Lesdiguières (v. note [26] du Naudæana 1). Richelieu s’étant opposé à son établissement en France l’année suivante, il se mit au service de l’Espagne à la tête d’un corps d’armée qu’il commandait contre les Français. Battu à Avein en 1635, il avait fait lever le siège de Breda en 1636, était entré en Picardie, avait pris La Capelle le 8 juillet, emporté Le Catelet, puis Roye et Corbie, et assiégé Corbeil dont il s’était rendu maître le 15 août. Durant la guerre de la régence de Savoie, Thomas réussit à s’emparer d’une partie de ses États ; mais battu par d’Harcourt en 1640, il se rapprocha de la cour de France en 1642, et fut nommé lieutenant général des armées du roi en Piémont et Savoie, puis en Italie (1643-1647). Il resta en France de 1649 à 1655, combattant pour le roi contre les frondeurs. Sa fidélité fut récompensée, en juillet 1653, par l’octroi de la charge de grand maître de la Maison du roi, à la place de Condé. Il avait épousé en 1624 Marie de Bourbon-Condé, fille de Charles, comte de Soissons ; ils eurent pour fils aîné le prince Eugène-Maurice de Savoie, comte de Soissons (G.D.U. xixe s., Triaire, Jestaz et G. Antonetti, Dictionnaire du Grand Siècle).

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 13 janvier 1639, note 10.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0045&cln=10

(Consulté le 06/12/2024)

Licence Creative Commons