À Claude II Belin, le 11 juin 1654, note 10.
Note [10]

Petit-fils de Charles-Emmanuel ier, Charles-Emmanuel ii (1634-1675), duc de Savoie et roi titulaire de Chypre, prénommé l’Hadrien du Piémont, était le second fils de Victor-Amédée ier et de Christine de France, Madame Royale. Son frère aîné François-Hyacinthe étant mort en 1638, il avait hérité du duché. Bien que Charles-Emmanuel eût été déclaré majeur en 1648, sa mère continuait d’exercer une influence considérable sur la politique de Savoie. Il épousa en 1663 Françoise-Madeleine, fille du second lit de Gaston d’Orléans.

Charles-Emmanuel ii ne fut que le premier des prétendants au mariage avec Hortense Mancini (Rome 1646-Chelsea 1699), septième des dix enfants de Geronima Mazzarina et de Michele Lorenzo Mancini. Arrivée en France en 1653, avec sa mère, sa sœur Marie, son frère Philippe et leur cousine Laure Martinozzi, Hortense était, disait-on, la plus jolie et la plus intelligente des nièces du cardinal. Son apparition à la cour fit chavirer bien des cœurs : après Charles-Emmanuel, vinrent, entre autres, Charles ii d’Angleterre, alors roi sans couronne, Turenne qui se sentait rajeunir en la regardant, le futur roi de Portugal, Pierre ii, et Charles de Lorraine. Mazarin, qui aimait Hortense plus qu’aucune de ses autres nièces, voulait la marier à quelque grand seigneur de moins haute volée que ces altesses, qui perpétuât son nom et à qui il se proposait de léguer la plus grande partie de son immense fortune. Son choix tomba sur Armand de La Porte, marquis de La Meilleraye, fils du grand maître de l’Artillerie. Le mariage fut célébré le 28 février 1661 et le cardinal mourut le 9 mars suivant. La Meilleraye dut prendre le titre de duc Mazarin et un mois après son mariage, l’héritage du cardinal le mettait à la tête d’une fortune de 28 millions et de plusieurs gouvernements. Hortense avait épousé un maniaque (on dirait aujourd’hui un paranoïaque) dévoré par la jalousie et la bigoterie, qui lui fit mener une vie infernale, jusqu’à leur séparation tourmentée et pleine de rebondissements. Hortense, comme sa sœur Marie, passa la seconde partie de son existence à vagabonder d’une cour étrangère à l’autre.

Elle a conté ses mésaventures conjugales dans les Mémoires de Mme la duchesse de Mazarin, écrits avec, sinon par l’abbé César Vichard de Saint-Réal. Ils sont précisément dédiés au duc Charles-Emmanuel ii de Savoie, et Hortense y déclare (page 37) :

« Tout le monde sait les propositions qui furent faites à plusieurs reprises de me marier avec le roi d’Angleterre ; {a} et pour le duc de Savoie, vous savez […] que l’affaire ne rompit que par le refus où M. le cardinal s’obstina d’abandonner Genève {b} en considération {c} de ce mariage. »


  1. Charles ii.

  2. À la Savoie.

  3. Contrepartie.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 11 juin 1654, note 10.

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(Consulté le 25/04/2024)

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