À André Falconet, le 14 septembre 1660, note 10.
Note [10]

Bayle (note F sur Priolo) a commenté ce passage de Guy Patin :

« Le sieur Sorel n’en a pas jugé de la sorte, mais plutôt dans le sens contraire. {a} L’auteur s’éloigna si fort de la bassesse des flatteries qu’ayant obtenu le privilège du roi, il crut qu’avant de s’en servir pour l’impression de tout l’ouvrage, il fallait voir comment les premières têtes s’accommoderaient de sa liberté. Il publia donc d’abord un précis de son Histoire en un seul livre où il modéra la hardiesse de sa plume ; {b} et cependant, quelques ministres y trouvèrent trop d’essor et firent connaître qu’ils s’opposeraient à l’impression, à moins que l’ouvrage n’eût été tronqué par des examinateurs qu’ils choisiraient. M. Priolo fit ses remontrances au roi, qui lui permit de les faire imprimer à Charleville. {c} Cela fut exécuté l’an 1665 et le débit de l’ouvrage fut permis en France publiquement. Cette édition est in‑4o et n’est pas intitulée Conatus historici, {d} mais Beniamini Prioli ab excessu Ludovici xiii de rebus Gallicis historiarum libri xii. {e} Elle a été contrefaite trois fois dans les pays étrangers, une fois à Utrecht et deux fois à Leipzig. » {f}


  1. Charles Sorel (v. note [2], lettre 74), La Bibliothèque française, Paris, 1667, pages 366‑367 :

    « On a été faire imprimer à Charleville une histoire latine de Benjamin Priolo, laquelle promet un récit de ce qui s’est passé depuis la mort du feu roi jusques à ce temps ; mais le dessein de l’auteur n’est principalement que de traiter de la guerre de Paris [la Fronde] et de ce qui concerne le cardinal Mazarin. Au reste, on se persuade qu’il a attaqué beaucoup de gens et qu’il n’a guère eu d’égard à plusieurs choses dont un historien doit tenir compte. Chacun peut voir le livre pour en juger. »

  2. Ce sont les Conatus historici [Tentatives historiques] que Guy Patin annonçait ici : Benjamini Prioli Ab excessu Ludovici xiii ad sanctionem pacis historiarum libri v [Cinq livres des histoires de Benjamin Priolo, depuis la mort de Louis xiii jusqu’à la signature de la paix…] (Paris, Cramoisy, 1662, in‑4o en deux parties de 50 et 38 pages), titre est trompeur car cette édition ne contient que les cinq épîtres dédicatoires, les avis au lecteur et le premier des 12 livres.

  3. Charleville appartenait alors au duc de Mantoue.

  4. « Essais historiques ».

  5. « Douze livres des histoires de Benjamin Priolo sur les affaires de France depuis la mort de Louis xiii », Charleville, Gédéon Poncelet, 1665, in‑4o en huit parties totalisant 523 pages, avec portrait de l’auteur.

  6. Bayle blâmait injustement Guy Patin, sans prendre en compte la date de sa lettre : ce que Patin y annonçait comme les Conatus historici n’était pas l’édition complète de 1665, mais le « pilote » de 1662, sur lequel, en septembre 1660, ne pouvaient courir que des rumeurs.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 14 septembre 1660, note 10.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0637&cln=10

(Consulté le 29/03/2024)

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