À André Falconet, le 3 juillet 1663, note 10.
Note [10]

« et si logiquement : {a} “ Gent dont la raison divague et l’esprit se nourrit de chimères ” ». {b}


  1. Logicaliter est un adverbe bâtard (issu de la scolastique irlandaise) qui décline logice sur le modèle legaliter.

  2. Abraham Ravaud, plus connu sous le nom d’Abraham de Remy (ou Remi, en latin Rommius), était natif de Remy près de Compiègne en 1600 et mourut en 1646. Il occupa la chaire d’éloquence latine au Collège de France et se fit connaître par des poésies latines remarquables pour leur verve et la pureté de leur style. Les principales ont paru dans un recueil dédié à Louis xiv et intitulé Poemata (Paris, Ioannes Libert, 1645, in‑12 de 149 pages). Sa Borbonias… sive Ludovici xiii…. contra rebelles victoriæ partæ ac triumphi [Bourbonide… ou les victoires remportées et les triomphes de Louis xiii… contre les rebelles] (Paris, Ioannes Martinus, 1623, in‑8o de 104 pages) est un épopée en quatre livres, suivie d’épigrammes.

    Le vers de Remy que citait Guy Patin est devenu proverbial, mais ne figure dans aucun de ces deux recueils. Il appartient à la fin d’un long poème satirique intitulé Metamorphosis Parasiti in caballum [Métamorphose du Parasite en cheval], rareté que je n’ai vue imprimée que dans l’Histoire de Pierre de Montmaur, {i} professeur royal en langue grecque dans l’Université de Paris. Par M. de Sallengre {ii} (tome premier pages 267‑268) : {iii}

    Fit strepitus, magno concurrunt agmine Hyberni,
    Gens ratione furens, et mentem pasta chimæris
    .

    [Éclate un vacarme, ce sont les Hibernois {iv} qui accourent en grand toupeau, gent dont la raison divague et l’esprit se nourrit de chimères].

    1. Professeur royal de grec au Collège de France, surnommé le Parasite ou Mammura, qui fut la cible de tous les satiristes de son temps (v. note [5], lettre 96).

    2. La Haye, Chr. van Lom, P. Gosse et R. Alberts, 1715, 2 tomes in‑8o.

    3. Dans sa préface (pages xxxiii‑xxxix), Sallengre reconnaît que cette lettre de Patin, ou plus exactement sa reprise dans L’Esprit de Guy Patin, Faux Patiniana II‑3 (v. sa note [8‑1]), lui a appris que Remy était l’auteur de ce « poème, qui est long de plus de deux cents vers, < où > l’on feint que Montmaur est métamorphosé en son cheval, et le cheval en Montmaur. »

    4. Les prêtres Irlandais qui étudiaient à la Sorbonne étaient redoutés pour leurs chicanes et leurs arguties scolastiques. Notre édition l’illustre avec l’« affaire des Hibernois » dans les Commentaires de la Faculté de médecine de Paris (Affaires de l’Université des années 1650-1651 et 1651-1652).

V. note [7], lettre 147, pour Georges Scharpe, médecin d’origine écossaise, mort en 1637, qui professa à Montpellier puis à Bologne.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 3 juillet 1663, note 10.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0754&cln=10

(Consulté le 23/04/2024)

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